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A l'école des scribes de Mésopotamie
Christine Proust, Equipe REHSEIS
Ces documents sont le résultat d'une collaboration de CultureMath avec le Lycée Français d'Ankara, l'IREM de Besançon et le collège France Bloch-Sérazin de Poitiers (en particulier avec Jean-Paul Mercier, professeur de mathématiques, et ses élèves de sixième et de quatrième), et bien d'autres établissements scolaires.
SOMMAIRE
Présentation : les écoles de scribes en Mésopotamie
Fiches pédagogiques
Dans les classes: des tablettes d'argile et des écoles des scribes
- à Poitiers (Corol'aire, la lettre de la Régionale de l'APMEP Poitou Charentes)
- à Besançon (fête de la science 2006)
- à Ankara (projet interdisciplinaire en classe de troisième)
- à Maisons-Alfort (des élèves de sixième du collège Jules Ferry préparent leur participation à la fête de la science 2007)
- à Paris (fête de la science 2007)
Des tablettes mathématiques à étudier
Liens
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Présentation
Après avoir inventé l'écriture (vers 3300 avant notre ère), les anciens mésopotamiens ont créé des lieux pour apprendre cet art difficile: les écoles. Des écoles de scribes ont fleuri dans tout le Proche-Orient ancien (voir carte), tout particulièrement pendant la période dite "paléo-babylonienne", c'est-à-dire au début du deuxième millénaire avant notre ère (voir chronologie). C'est par milliers que les archéologues ont retrouvé des exercices scolaires écrits sur des tablettes d'argile. On a également exhumé de nombreux textes littéraires, et plusieurs d'entre eux témoignent de la vie dans les écoles. L'étude de ces "brouillons d'écoliers" et de la littérature scolaire nous permet aujourd'hui de connaître, avec parfois une extraordinaire précision, la façon dont les scribes étaient formés. L'école de Nippur, grande capitale culturelle, est la mieux connue car c'est dans ce site que les archéologues ont retrouvé la collection de tablettes scolaires la plus abondante et la plus variée. Ce dossier est illustré de nombreux exemplaires de tablettes scolaires provenant de Nippur et datant de l'époque paléo-babylonienne.
On sait que l'enseignement commençait par un premier niveau, appelé "élémentaire" par les historiens, où les jeunes scribes apprenaient l'écriture et le calcul.
L'écriture
L'écriture demandait un long apprentissage aux scribes. En effet, le système graphique est très complexe. Il contient plusieurs centaines de signes; certains signes représentent des mots, d'autres sont phonétiques et représentent des syllabes, d'autres encore sont des marqueurs qui ne se prononcent pas, mais indiquent simplement des catégories d'objets; le plus déroutant est sans doute le fait que le même signe peut avoir, selon le contexte, l'une ou l'autre de ces fonctions. De plus, dès la période paléo-babylonienne, la langue enseignée aux jeunes scribes n'était pas leur langue maternelle, mais une langue "morte", le sumérien. La population de Mésopotamie parlait à cette époque une langue sémitique importée par les nomades venus de l'ouest et du nord, l'akkadien; elle avait supplanté l'ancienne langue sumérienne parlée en Mésopotamie du sud pendant le troisième millénaire avant notre ère. Voir quelques exemples d'exercices d'écriture.
Les compositions littéraires
Une partie importante de la littérature sumérienne parvenue jusqu'à nous provient de la cité de Nippur. Certains de ces textes ont été élaborés par des maîtres dans le but d'enseigner aux jeunes scribes la langue sumérienne, son vocabulaire et sa grammaire. Les premières "leçons" de sumérien prennent la forme de séries de proverbes, qui nous apportent par ailleurs des témoignages vivants sur divers aspects de la vie sociale. Souvent ces proverbes étaient associés, dans les tablettes scolaires, avec des exercices de calcul. A un niveau plus avancé, les scribes apprenaient à reproduire de longues compositions, dont les thèmes étaient souvent en relation avec la vie dans l'école.
Les mathématiques élémentaires
L'apprentissage des mathématiques consistait à apprendre des listes interminables d'unités de mesure et de tables numériques. Plusieurs numérations différentes étaient utilisées. Pour exprimer les mesures, ou simplement dénombrer les personnes, les animaux, les objets, il était le plus souvent utilisé un système sexagésimal de type additif, appelé "Système S" par les assyriologues. Pour le calcul, les scribes utilisaient une numération sexagésimale positionnelle. Ces nombres permettaient d'effectuer les multiplications, pour lesquelles il fallait mémoriser un grand nombre de tables. Pour effectuer les divisions, les scribes ont inventé une méthode astucieuse: il commençaient par inverser le diviseur, puis ils multipliaient par l'inverse trouvé. Les tables d'inverses jouent donc un rôle très important dans la formation des scribes. A partir de ce petit stock d'inverses qu'ils connaissaient par coeur, les scribes étaient capables de calculer les inverses inconnus par une méthode de factorisation très puissante.
En savoir plus
Cécile Michel, Calculer chez les marchands Assyriens au début du II e millénaire av. J.-C. (2006) Christine Proust, Le calcul sexagésimal en Mésopotamie: enseignement dans les écoles de scribes (2005) Christine Proust, Mathématiques en Mésopotamie, page chronologique (2006) Christine Proust, Les numérations anciennes (2007).