CultureMATH - accueil - contact

Jean le Rond D'Alembert (1717-1783)

Dossier coordonné par Pierre Crépel (CNRS) 

Présentation
Chronologie
Bibliographie
Oeuvres
Liens

 

SOMMAIRE

 

1- Présentation

D'Alembert, sa vie, son oeuvre, aurait-on dit autrefois. C'est encore un personnage relativement mal connu. Certes, on sait qu'il fut co-directeur de l'Encyclopédie, proche de Voltaire et de Frédéric II; les étudiants doivent apprendre le théorème de D'Alembert-Gauss, le critère de D'Alembert de convergence des séries, un mystérieux principe de D'Alembert en mécanique (dont on ne sait souvent trop s'il a des rapports lâches ou étroits avec celui des travaux virtuels), le paradoxe de D'Alembert en mécanique des fluides. Mais quoi au-delà ?

Des ouvrages sérieux divers ont été publiés ces dernières décennies, qui ont changé notablement l'image qu'on se faisait du savant et du philosophe, mais un grand chemin nous sépare encore pour bénéficier d'une connaissance de D'Alembert commensurable avec celle qu'on a de Voltaire, de Montesquieu, de Diderot ou d'Euler.

Ce dossier veut profiter de l'édition en cours des Oeuvres complètes de l'auteur en 50-60 volumes (CNRS-Editions, 3 vol. parus; environ 7 autres dans les années qui viennent), pour reprendre l'ensemble de la question, au moins sous forme d'ébauche.

2- Biographie

Jean Le Rond d'Alembert (1717-1783), connu pour avoir dirigé l'Encyclopédie avec Denis Diderot, est une figure clé du siècle des Lumières. Mathématicien, il a ouvert de nouvelles voies au développement des méthodes de calcul mathématique; physicien, il a unifié les principes de la mécanique des solides et des fluides, et fait faire des progrès considérables à l'astronomie mathématique; philosophe enfin, il a, développant une véritable épistémologie avant la lettre, examiné de manière critique la genèse et la signification des connaissances scientifiques, s'intéressant notamment à la question de leur domaine de validité, ainsi qu'aux conditions de leur application. D'Alembert témoigne vigoureusement du nouveau rapport qui s'instaure, à l'époque des Lumières, entre les sciences et la philosophie. Son oeuvre, qui s'inscrit dans une double filiation, newtonienne et cartésienne, a été déterminante pour le développement d'une conception pleinement rationnelle de la physique mathématique, exprimée dans les oeuvres marquantes de ses disciples, la Mécanique analytique de Lagrange et la Mécanique céleste de Laplace, et son influence, ainsi que celle de sa philosophie, directe sur Condorcet, se fera encore sentir au long du XIXème siècle. [Notice de Michel Paty - site D'Alembert]

Enfance et années de formation

Voir l'extrait de l'Eloge de D'Alembert par Condorcet cité sur le site D'Alembert.

Voir l'article "La science, toujours ..." de Pierre Crépel

3- L'édition des Oeuvres Complètes

Un goupe de chercheurs dit "Comité D'Alembert" a entrepris la publication des Oeuvres complètes de D'Alembert aux éditions du CNRS. Son objectif est de publier une édition critique et commentée la plus exhaustive possible des écrits (imprimés ou inédits) de l'auteur : textes scientifiques, littéraires, encyclopédiques, philosophiques, correspondance, rapports académiques, etc. Les oeuvres seront publiées en plus de 50 volumes, répartis en 5 séries:

  • Série I: Traités et mémoires mathématiques, 1736 - 1756
  • Série II: Articles de l'Encyclopédie
  • Série III: Opuscules et mémoires mathématiques, 1757 - 1783
  • Série IV: Ecrits philosophiques, historiques et littéraires
  • Série V: Correspondance générale

Pour en savoir plus sur l'édition

Le comité en charge de cette édition est un groupe pluridisciplinaire composé de chercheurs (historiens des sciences, mathématiciens, astronomes, physiciens, philosophes, économistes, "dix-huitiémistes", etc.) appartenant à différentes équipes (laboratoires universitaires, centres de recherche, sociétés savantes).

Le Site de l'édition des Oeuvres complètes de D'Alembert est dédié à cette vaste entreprise éditoriale et plus largement à l'oeuvre de D'Alembert.

Angoisses et passions concernant l’édition des œuvres complètes de d’Alembert

Article de Pierre Crépel, paru dans la revue Matapli n°69 (2002)

Au XIXe siècle, deux éditions des oeuvres réputées complètes de D'Alembert sont publiées (1805 et 1821-22), elles excluent tous les écrits scientifiques. Condorcet subit un sort analogue. En revanche, les "Oeuvres" de Laplace et de Lagrange, publiées un peu plus tard, ne retiennent que leurs travaux et correspondances scientifiques.

L'oeuvre mathématique de D'Alembert, marquante en son temps, est considérée au siècle suivant comme obscure et en tout cas digérée, recouverte et dépassée par celles d'Euler, de Laplace et de Lagrange. Ne parlons pas de celle de Condorcet, alors vue comme anecdotique et médiocre. A propos de D'Alembert et de Condorcet, le XIXe siècle ne retient que le message des encyclopédistes, des correspondants de Voltaire, des combattants de la raison ou de la Révolution. Lire la suite. 

Nouvel état de l'édition des Œuvres complètes de D'Alembert

Article de Pierre Crépel, paru dans le Bulletin de la Société Française d'Etude du Dix-Huitième Siècle, 71( 2009).


Depuis le dernier bulletin de situation des O.C. de D'Alembert (n° 58, octobre 2005), beaucoup d'eau (et de champagne) a coulé sous les ponts dalembertiens.

Aux deux volumes d'astronomie (I/6 et I/7) s'est ajouté en novembre 2007 le vol. I/4a, « Textes de mathématiques pures, 1745-1752 », édité par Christian Gilain. Ce recueil comporte divers titres de gloire de D'Alembert sur l'intégration des fonctions et des équations différentielles, le fameux « théorème fondamental de l'algèbre » et la polémique avec Euler sur les logarithmes. Lire la suite


Où en est-on de l’édition des Œuvres complètes de D’Alembert

Article de Pierre Crépel, paru dans le Bulletin de la Société Française d'Etude du Dix-Huitième Siècle, 58 (2009)

Il est bon, de temps à autre, de faire le point sur une édition d’une cinquantaine de volumes, impliquant une trentaine de personnes, et touchant à peu près à tous les aspects du XVIIIe siècle. Lire la suite

Bientôt en ligne

Les « œuvres complètes » de D’Alembert - Pierre Crépel

 


4- D'Alembert: Mathématicien des Lumières

Ce dossier est composé d'une série de onze articles, à partir desquels a été réalisé le numéro 39 des Génies de la Science paru en mai 2009. Les articles seront mis en ligne progressivement, au rythme d'un article tous les deux mois environ.

Lire les articles

5- Les écrits mathématiques 

Qu’y a-t-il de nouveau dans l’oeuvre scientifique de D’Alembert?

Article de Pierre Crépel paru dans Du nouveau dans les sciences, sous la direction de Sarah Carvallo et Sophie Roux, numéro spécial de la revue "Recherches sur la philosophie et le langage", n° 24 (Grenoble), 2006, Vrin.

Cet article vise à évaluer globalement la nouveauté de l’oeuvre du savant. Cette entreprise comporte au moins deux versants : l’un, local, regarde point par point de quels nouveaux concepts, théorèmes, principes, théories, etc., on peut raisonnablement le créditer ; l’autre, global, examine le personnage dans son ensemble, l’unité ou non de sa pensée, son style, ses méthodes. Plus précisément, il s’agit de répondre aux questions :

  • De quelles « nouveautés », découvertes ou inventions, dans les domaines des mathématiques pures ou mixtes, peut-on le créditer sans discussion ?
  • Comment trancher les querelles de priorité dans lesquelles il a été impliqué, quel avis donner sur les découvertes simultanées auxquelles il a participé ?
  • Comment évaluer son implication dans l’aventure collective des sciences de son époque ?
  • Sa « nouveauté » tient-elle à « quelque chose d’autre », à un style à part, à un bouillonnement inclassable ?
  • Et si sa nouveauté est identifiable, possède-t-elle une unité, peut-on caractériser son évolution ?

Bien entendu, on ne saurait prétendre, surtout avant l'achèvement de l'édition des Oeuvres complètes, apporter des réponses quasi-complètes, mais on peut essayer de faire un point provisoire.

Après un exposé des jugements portés au cours de l'histoire sur les oeuvres scientfiques de D'Alembert, par lui-même, par ses proches (Bossut, Condorcet, Montucla), par divers auteurs des XIXe et XXe siècles (Cournot, Todhunter, Bertrand, Truesdell) et par les théorèmes, principes, équations, conditions, critères ou paradoxes qui portent son nom, on se livre à de "nouvelles tentatives de visites", à partir du travail collectif en cours d'édition des Oeuvres complètes. On évoque les mathématiques pures, la mécanique, les fluides, l'optique, etc. et on met l'accent sur la rubrique "doutes et objections" dont D'Alembert s'est fait une spécialité à partir des années 1750-1760.

Lire l'article

Les dernières perfidies de D'Alembert

Article de Pierre Crépel paru dans 25 ans d’histoire des probabilités. Mélanges offerts à Bernard Bru, J. Sakarovitch (éd.), à paraître

Cet article conteste frontalement l'idée que D'Alembert aurait cessé de faire des mathématiques intéressantes dans la dernière partie de sa vie. Nous montrons que son tome IX des Opuscules mathématiques, rédigé entre 1781 et sa mort en 1783 et inédit, fourmille encore d'idées nouvelles, y compris sur les probabilités. Le genre « doutes et objections », qu'il affectionne tout particulièrement à partir des années soixante, met le doigt sur des problèmes nouveaux et délicats que son siècle ne pouvait résoudre de façon entièrement satisfaisante, comme l'histoire ultérieure l'a montré. Cet article en profite pour donner un inventaire et une description de ce tome des Opuscules que la mort a empêché son auteur de publier.

Lire l'article: fichier pdf ou sur le site de l'EHESS

D’Alembert et les Probabilités

Article de Michel Paty, paru dans Sciences à l'époque de la Révolution française sous la direction de Roshdi Rashed, Recherches historiques, Blanchard, Paris, 1988, p. 203-265.

Pendant près de deux siècles, les mathématiciens et les historiens des sciences eurent honte qu'un grand savant pût autant délirer sur des sujets aussi simples. Les doutes et objections de D'Alembert sur les probabilités défiaient la morale commune à tous les mathématiciens. Comment en effet accepter que la probabilité de tirer pile en deux coups vaille plutôt 2/3 que 3/4? Comment accepter de défier tous les principes d'indépendance, d'équiprobabilité, de rejeter la règle de l'espérance, etc.? Or, depuis une trentaine d'années, notamment grâce à Michel Paty, à Lorraine Daston et à quelques autres, l'image s'est inversée et l'on a tendance à remercier D'Alembert d'avoir mis le doigt sur les points aveugles de la mathématisation du hasard. On s'en rendra compte en lisant l'article suivant de M. Paty publié il y a deux décennies.

Lire l'article

Liens

D'Alembert, Jean Le Rond (1717-1783), le site de l'édition des Oeuvres complètes de D'Alembert.

Encyclopédie Diderot et  d’Alembert: la première édition de l'Encyclopédie, ou Dictionnaire Raisonné des Sciences, des Arts et des Métiers de Diderot et d'Alembert mise en ligne par l'Université de Chicago (projet ARTFL) en collaboration avec l'INaLF. Le projet porte sur les dix-sept volumes de texte et les onze volumes de planches de la première édition.