Bernard Vitrac
Sommaire
Figures
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Figure 1 :
Lécythe attique (vers 430 avant J.C.)
Une femme a retiré
un
rouleau d'un coffre ouvert devant elle et le lit. Les (riches)
athéniennes étaient à l'occasion
musiciennes,
chanteuses, poétesses. Elles savaient lire et organisaient,
entre elles, des concours. La musicologue Ptolémaïs
vivait
à une époque bien plus tardive, probablement au
début de notre ère et s'inscrit dans la tradition
néo-pythagoricienne. Celle-ci était certainement
plus
ouverte que le reste de la société sur la
question des
femmes. A la fin de sa Vie pythagorique, Jamblique de Chalcis dresse la
liste des membres de l'école pythagoricienne. Il enregistre
17
femmes. Hypatie se réclamait elle aussi du
néoplatonisme
et du néopythagorisme. Cela dit, les seuls disciples qu'on
lui
connaisse sont des hommes !
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Figure 2 :
Manuscrit du commentaire de Proclus au premier Livre des
Éléments.
Seulement deux ou trois livres
de commentaires grecs sur les
Éléments
d'Euclide nous sont parvenus, celui de Proclus, sur le Livre I, celui
attribué à Pappus, sur le Livre X,
conservé grâce à une traduction
arabe. On dit qu'il existe également un commentaire de
Simplicius sur
les principes du premier Livre, formant une introduction à
la
géométrie, conservé dans une
traduction hébraïque, faite elle-même
à
partir d'une traduction arabe de ce texte. Ici, il s'agit de la fin des
commentaires au 4e postulat : « Et que tous les angles droits
soient
égaux les uns aux autres » et du début
de ceux au célèbre (5e)
postulat, dits des parallèles. Dans
les deux cas, Proclus n'accepte pas les choix euclidiens : selon lui il
s'agit de deux assertions démontrables.
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Figure 3 :
Manuscrit de la Collection mathématique de Pappus et
frontispice de l'édition de Commandino.
La Collection
mathématique
de Pappus comportait originellement huit Livres. Le premier et la
moitié du second environ sont perdus. Le huitième
a
également souffert. Il a d'ailleurs circulé
indépendamment du reste, sous le titre Introduction à la
mécanique. Il est apparemment le seul
à avoir été connu des savants
d'expression arabe. La
Collection n'est
certainement pas un ouvrage destiné à la
publication mais
plutôt un regroupement d'écrits divers, plus ou
moins bien
articulés. Elle a peu circulé. Tous les
manuscrits connus
dérivent d'un même exemplaire, un manuscrit du Xe
siècle, reproduit ici. La publication d'une traduction
latine
par F. Commandino en 1588 (ci-dessus la réédition
de
Venise en 1589) fut assez tardive, mais l'ouvrage, en particulier le
Livre VII et les indications qu'il contient sur certains ouvrages
perdus du corpus dit du « Lieu
analysé », eut un succès
considérable.
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Figure 4
: Manuscrit de la Proposition I. 8 des Métriques
de Héron
Manuscrit
avec scholies de la fin de la démonstration
géométrique de
la formule dite de Héron, pour le calcul de la surface S
d’un triangle à
partir des longueurs (a, b, c) des trois côtés (Métriques, I. 8) :La
marge supérieure contient une première
annotation, fausse et barrée,
tandis que les marges gauche et inférieure sont remplies par
une
seconde scholie qui cherche à comprendre la preuve en
raisonnant (mal)
sur un cas très particulier : le triangle rectangle
isocèle ! Cette
profusion d’annotations rend parfois la lecture difficile,
provoque des
erreurs d’interprétation au cours des copies
successives mais témoigne
de l’utilisation et de la lecture — «
calame en main » — des écrits
mathématiques dans l’Antiquité tardive
puis à l’époque byzantin.
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Figure 5 :
La translittération à Byzance au IXe
siècle
Le
passage du rouleau de papyrus au codex de parchemin a partiellement
déterminé la transmission des textes anciens
jusqu'à notre époque, d'autant que la
durée de vie
d'un rouleau n'était pas très longue. Un autre
changement
dans les techniques du livre, plus précisément
dans
l'écriture, a eu aussi son importance. A la fin du VIIIe
siècle, à Constantinople, on abandonna
l'écriture
majuscule dite onciale, au profit d'une forme d'écriture
minuscule. D'où une translittération des ouvrages
considérés comme utiles. Presque tous les
manuscrits
mathématiques qui nous sont parvenus sont
postérieurs
à cette opération (et donc en minuscules). Ici,
de
manière totalement anachronique, on a
représenté
Saint Luc en train de transcrire son propre Évangile.
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