Dans son livre
intitulé Polyhedra (Cf. Bibliographie), Peter
Cromwell
fait remarquer que
la
construction de polyèdres peut devenir une
activité prenante et consommatrice de temps. Je peux en
témoigner moi qui m’
adonne à cette activité depuis bientôt
25 ans. D’un autre côté, la construction
de polyèdres reste financièrement abordable,
donne beaucoup de joie et permet
de comprendre beaucoup de choses. Alors laissez-vous tenter !
Comme toute activité humaine, la construction de polyèdre relève de plusieurs motivations :
Je vais décrire ici la réalisation de polyèdres en papier. Evidemment d’autres techniques de construction sont possibles, comme celles du cartonnage par exemple. Il y a certainement près de chez vous des associations qui vous permettraient de vous familiariser à ces différentes techniques que vous pourriez ainsi appliquer à la construction de polyèdres.
Papier :
j’utilise du papier de grammage 160g de la série
trophée de Clairefontaine que je trouve chez Office-Dépôt.
Pourquoi ai-je choisi ce papier ? Parce qu’il est facile
à trouver, qu’il existe de nombreuses couleurs,
que le conditionnement A4 ou A3 est pratique, et enfin, ces feuilles
peuvent passer dans une imprimante pour reporter les patrons.
Pourquoi 160g ? Parce que le papier de grammage 80g produit des objets
qui ne sont pas assez rigides et que celui de grammage 210g est plus
difficile à travailler. En particulier
l’épaisseur du papier de grammage 210g
n’est plus négligeable, on peut donc moins jouer
sur l’élasticité du papier. 160g est
donc un très bon compromis.
Outil de
découpe : J’utilise des
ciseaux. L’utilisation du cutter est à proscrire
si vous travailler avec des enfants. Les adultes doivent être
très prudents et en particulier ne jamais laisser les doigts
dans la trajectoire du cutter. Pour des raisons de
sécurité je déconseille fortement
l’utilisation du cutter et je décline toute
responsabilité en cas d’accident. La construction
de polyèdre est un passe temps, la prudence est de mise car
les doigts sont des biens précieux et
irremplaçables.
Colle : la colle blanche est tout à fait adaptée à ce type de travaux. J’utilise de la colle Flexiplé de chez Rougier&Plé-Graphigro, elle sèche vite, elle est repositionnable, ce qui signifie qu’une fois coller il vous reste quelques secondes pendant lesquelles vous pouvez décoller les deux surfaces . Et en enfin, elle se nettoie à l’eau et on peut l’acheter en grande quantité, ce qui m’est utile.
Pliage : l’idéal est de disposer d’un plioir pour marquer les plis. Un stylo à bille hors d’usage pour cause de réservoir d’encre vide fera un plioir idéal ! De plus, vous pourrez "surfer" sur la vague du développement durable en donnant une seconde vie à votre stylo à bille à sec.
Règle : de préférence métallique, pour guider le plioir ou le cutter (attention voir recommandations précédentes).
Pinces : Une bonne
idée est de disposer de quelques pinces pour tenir un
collage en place, libérant ainsi vos doigts pendant les
quelques dizaines de seconde (nécessaires pour que la colle
prenne). Vous en trouverez dans tous les magasins de bricolage.
Des brucelles
peuvent aussi être utiles pour certaines finitions
délicates.
Conclusion sur le
matériel : La construction de
polyèdre
ne va pas vous ruiner en matériel. Si vous ne souhaitez
construire qu’un ou deux modèles
n’investissez pas, sinon…
Le matériel
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Qu’est-ce qu’un patron ?
Pour expliquer par la manipulation ce qu’est un patron d’un polyèdre donné on pourrait couper un certain nombre d’arêtes de ce polyèdre, puis déplier ce dernier autour des arêtes restantes afin d’obtenir une figure plane comportant toutes les faces du polyèdre. Cette figure plane serait un patron permettant de reconstituer le polyèdre de départ.
Pour construire un polyèdre à partir d’un patron, on fait donc le contraire :
L’intérêt du patron est donc de partir d’une seule figure plane pour reconstituer tout le polyèdre dans l’espace.
Est-il toujours possible de réaliser un patron d'un polyèdre ?
On conjecture que la réponse est "oui" pour les polyèdres convexes, mais cela reste une énigme: aucun contre-exemple n'a été trouvé à ce jour.
Y a-t-il un seul patron possible pour un polyèdre donné ?
Non ! Par exemple
-
pour le
tétraèdre, il y a deux patrons possibles:
Figure
1: Les deux patrons du
tétraèdre
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- pour le
cube, il y a 11 pat
- pour le
cube, il y a 11 patrons possibles pour le cube:
Figure
2: Les 11 patrons du
cube
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Pistes pédagogiques : parmi une liste de patrons on peut demander aux élèves de trouver ceux qui ne sont pas les patrons d’un polyèdre donné :
Figure
3 : Quelques
faux patrons du cube
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Coloriage d'un patron
Le
patron a un autre intérêt, il permet de
prévoir à plat le coloriage des faces du
polyèdre.
Pour colorier un solide on peut suivre plusieurs règles :
· La plus simple : une seule
couleur pour toutes les faces
· Faire en sorte que deux
faces adjacentes, c'est-à-dire qui partagent une
même arête, ne soient jamais de la même
couleur. Dans ce cas le patron est très utile, on peut alors
chercher le nombre minimal de couleurs dont on a besoin
· Faire en sorte que toutes
les faces parallèles soient de la même couleur
Le coloriage peut donc amener des problèmes assez difficiles
(Cf. W RouseBall & H.S.M.Coxeter - Bibliographie)
Par exemple, il faut au moins 4 couleurs pour colorier un
tétraèdre, car chaque face partage une
arête avec toutes les autres
Par exemple, il faut au moins 4 couleurs pour colorier un
tétraèdre, car chaque face partage une
arête avec toutes les autres. (Cf. Figure 4)
Figure 4
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Autre
exemple : un cube colorié de trois couleurs a ses
faces parallèles de la même couleur. (Cf. Figure 5)
Figure 5
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Collage:
Le problème le plus délicat est de recoller les arêtes. Pour cela il a plusieurs techniques :
Collage bord à bord :
Dans cette technique il n’y a pas de languette, on colle directement bord à bord les arêtes. Cette technique est très difficile, il faut être très méticuleux et patient. L' avantage de cette technique est que le patron a exactement la forme de ce que l’on veut obtenir.
Une languette par arête :
Dans
cette
technique, qui est la plus utilisée, on ajoute une
languette, et une seule, par arête à assembler. On
a donc pour chaque arête à coller deux
possibilités pour placer la languette. La forme de la
languette ne doit pas gêner le montage. En
théorie, elle doit avoir la même forme que la face
sur laquelle on la fixe. En pratique, on la fait juste un peu
plus
petite. Il n’y a pas de contre-indication à ce que
les languettes se chevauchent à
l’intérieur du polyèdre, on recherche
même ce chevauchement pour le collage de la
dernière face.
Figure 6 : Dessin
des languettes
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Il
faut réfléchir ensuite à un ordre de
montage qui facilitera le travail.
Piste pédagogique :
on peut demander aux élèves de trouver la
position des languettes.
Astuce pour le montage de la dernière face : avant de monter la dernière face, je colle les languettes ensemble, ce qui a pour effet de rigidifier le solide avant de coller la dernière face.
Deux languettes par arête :
Dans cette technique, on ajoute une languette à chaque arête libre sur le patron. Ceci permet une élaboration plus systématique d’un patron. Puis on colle les languettes ensemble ce qui engendre des nervures dans le polyèdre. L’avantage de cette technique est de rigidifier le solide obtenu. Attention! Ces nervures ne doivent pas se gêner dans l’intérieur du polyèdre.
Pour commencer réalisons ensemble le montage d’un tétraèdre régulier.
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