D'Alembert: Mathématiciens des lumières
La science, toujours ...
Dossier coordonné par Pierre Crépel
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Encart 4 :Lettre d'Auguste de Keralio à Paolo Frisi
Paris le 2e 9bre 1783
Enfin, mon cher ami, nous avons
perdu Mr d'Alembert. Il est mort victime de l'erreur et de
l'opiniatreté d'un nommé Bartés son medecin, qui
s'est obstiné à le traiter d'une maladie qu'il n'avoit
point. Il a pretendu jusqu'à la fin malgré l'opinion
contraire des autres medecins, que la cause du mal etoit une humeur
acre qui s'etoit jettée sur la vessie et de la sur la poitrine.
En consequence il a bourré le malade de quinquina et de cachou.
Ce qui l'a conduit a un marasme complet. Les autrs
medecins au contraire etoient d'opinion que le mal n'avoit d'autre
cause qu'une pierre dans la vessie. La question a eté
decidée aprs la mort du
malade. Le cadavre ouvert, la vessie a eté trouvé
très saine, mais contenant une pierre de la grosseur d'un oeuf
de pigeon, assez dure pur pouvoir etre extraite sans courir risque de
se briser.
Au reste, M. d'Alembert est mort
avec une tranquilité vraiment philosophique. Il a fait de M.de
Condorcet son legataire universel. Il laisse plusieurs manuscrits
relatifs tant aux sciences qu'aux lettres. On veut s'en rapporter au
legataire pour en faire l'usage le plus avantageux pour la gloire de
l'auteur, et l'avancement des sciences.
Adieu, mon cher et illustre ami,
conservez-vous et comptez toujours sur les sentimens d'attachement et
de respect avec lesquels je serai toute ma vie votre très humble
et très obeissant serviteur.
De Keralio