D'Alembert
étant un personnage célèbre, de nombreux
contemporains ont relaté, dans des lettres ou dans leurs
mémoires, leur première rencontre avec D'Alembert.
L'accueil n'était pas uniforme, certains ont été
ravis, d'autres refroidis ... Voici à titre d'exemples les cas
de l'écrivain milanais Giuseppe Gorani et du précepteur
et futur conventionnel Gilbert Romme.
Gorani, dans ses Memorie, à propos de son voyage à Paris en août-septembre 1767:
Cependant d'Alembert, leur chef
suprême, n'avait pas fait ma conquête; je lui avais
trouvé trop de morgue, des prétentions trop
illimitées, trop de despotisme pour s'arroger le droit de passer
pour le premier génie du monde. Je n'avais pas trouvé
dans sa conversation le plaisir que m'avait donné celle de
Diderot, du baron d'Holbach et d'Helvétius. J'aimais
particulièrement Bailly qui alors était sur le point de
publier le premier volume de son Histoire de l'Astronomie. Je lui
trouvais plus de vrai savoir et plus d'aménité
qu'à d'Alembert.
Lettre de Gilbert Romme vers 1775:
Le père Berthier à
qui j'étois redevable de cette entrevue lui demanda quel plan
d'études devoient suivre les jeunes gens pour s'instruire en
mathématiques. D'Alembert conseilla le cours de Bezout pour
commencer, les ouvrages de Jacquier et d'Euler pour se perfectionner,
et ses propres ouvrages si on vouloit pénétrer dans ce
que les mathématiques ont de plus transcendant. Ce dernier trait
m'apprit ce que d'Alembert pensoit de lui-même.