Les journées nationales des
L'APMEP (Association des Professeurs de Mathématiques de
l'Enseignement Public) qui se sont tenues du 22 au 26 octobre
2010 à Paris ont permis de fêter les
cent ans de l'association. Sept conférences ont
été
données à cette occasion. Ces manifestations ont
été filmées et seront mises en ligne
progessivement sur CultureMATH, à raison
d'une
conférence par mois environ.
Résumé
- On
attribue au physicien Ernest Rutherford (1871-1937) la citation
«
All science is either physics or stamp collecting ».
Malgré son caractère provocateur et caricatural,
cette
citation résume assez bien l’architectonique des
sciences
jusqu’à la fin du XXe siècle : la
physique
règne, une grande partie des mathématiques est
motivée par ses applications à la physique, la
biologie
décrit et classe les espèces, les
humanités ne
sont pas encore les sciences humaines et la technique n’est
qu’une application de la science.
Cette vision nous semble aujourd’hui bien
obsolète.
L’émergence de l’informatique nous a
contraint
à revoir les frontières entre sciences et
techniques.
Elle a fourni des cadres conceptuels qui permettent de formaliser et de
simuler de nombreux phénomènes de la biologie,
des
sciences humaines et parfois aussi de la physique. Et la biologie et
certaines parties des sciences humaines ont conquis le statut de
science à part entière.
Cette révolution scientifique qui met
l’abstraction
et la symbolisation au cœur de la démarche
scientifique
est sans doute une excellente nouvelle pour les
mathématiques,
qui voient leur champ d’application
s’étendre, mais
aussi leurs méthodes se généraliser.
Dans cet exposé, je tenterai de montrer,
à
l’aide de quelques exemples, qu’un certain nombre
de
concepts issus des applications des mathématiques
à
l’informatique peuvent contribuer à diversifier
l’enseignement des mathématiques au
lycée.
Résumé - C’est
l’heure de la
célébration festive d’un anniversaire
joyeux,
d’un jubilé particulièrement important
pour tous
ceux qui aiment et qui enseignent les mathématiques : le
centenaire de l’APMEP !
Ce faisant, nous célébrerons une fête
des
mathématiques qui, siècle après
siècle,
accumulent les occasions de vivre les beautés et les
surprises
de l’intelligence.
En remontant dans le temps nous évoquerons ainsi les visions
de
Cantor, les constructions de Boliay, les machines de
d’Alembert,
et les aventures de Neper.
Et nous évoquerons bien d’autres situations,
concepts ou
problèmes, qui ont fait, et qui font toujours, du jeu des
calques mathématiques (ceux du formalisme, des
représentations et des objets réels) le plus
jubilatoire
des jeux de l’esprit et de la connaissance.
Résumé
- Que ce soit pour l'activité de recherche ou pour
l'enseignement, le mathématicien doit sans cesse faire des
aller-retour entre une approche formelle, forcément
épurée et universelle, et une intuition plus
humaine et personnelle des objets qu'il manipule, souvent
basée sur son histoire personnelle.
Le but de cette conférence sera, à travers
quelques exemples, d'illustrer cette dualité, et de
réfléchir à quelques pistes possibles
pour l'enseignement de notre discipline.
L'effet papillon. Du chaos aux
prévisions météo et projections climatiques
par
Camille Marini
Résumé
- E. N. Lorenz, un grand
météorologue du 20e siècle voulait
comprendre
pourquoi les phénomènes atmosphériques
étaient si difficiles à prévoir. Comme
une grande
partie des mouvements atmosphériques est d’origine
convective, il s’intéressa aux
équations
modélisant la convection dans un fluide. Ces
dernières
donnèrent naissance au « système de
Lorenz ».
Nous commencerons par étudier les
propriétés de ce
système et montrer qu’il possède un
comportement
chaotique, ce qui limite sa prévisibilité. Nous
généraliserons le problème aux
prévisions
météorologiques et verrons que si on ne peut pas
prévoir la météo à plus de
quinze jours, on
peut toutefois étudier le climat futur. Dans le contexte de
polémique sur le réchauffement climatique, la
compréhension des systèmes chaotiques apporte
donc un
éclairage pertinent sur le problème.
Le nom et la chose en
mathématiques: un débat qui traverse les sciences
par
Philippe Boulanger
Résumé
- La réalité d’un ensemble
d’objets est délicate à
définir et le
problème des « universaux » qui date des
Grecs,
fût l’objet d’études des
scolastiques durant
tout le Moyen Âge. Les nominalistes pensent qu’il
n’y
a aucune réalité derrière un mot, les
réalistes que la catégorie définie par
les
propriétés de ses éléments
a une existence
véritable.
Les réalistes comme Cantor pensent que l’ensemble
des
nombres réels est actuel et que l’on peut
raisonner
dessus, par exemple le comparer à l’ensemble des
nombres
fractionnaires. Kronecker, avec bien d’autres, lui
déniera
cette possibilité.
La querelle a des retentissements dans toutes les sciences. Ainsi,
Buffon est un nominaliste : il pense que les groupements des individus
en espèces n’a pas
d’intérêt
scientifique, et que c’est juste une commodité
inopérante. Darwin prouve que les espèces ont une
réalité et qu’à travers la
sélection
naturelle, ce sont elles qui évoluent.
La difficulté existe jusqu’en grammaire, avec la
figure de
style nommée syllepse, qui permet d’accorder un
adjectif
avec l’ensemble des objets, considéré
comme une
réalité, ou avec les objets qui le composent,
auquel cas
l’ensemble n’est pas à
considérer comme un
sujet réel.
Quelle est la réalité de l’ensemble des
électrons ? Feynman a pensé qu’il
n’existait
peut-être qu’un seul électron qui se
promenait dans
l’espace-temps !
Les réalistes, convenablement bridés par des
définitions adéquates, ont toujours eu gain de
cause et
ce sont eux qui ont fait progresser les sciences. Mais le
problème de la réalité des choses
«
nommées » a rendu de nombreux
mathématiciens mal
à l’aise : Borel a démontré
que presque tous
les nombres étaient subnormaux (des nombres normaux dans
toutes
les bases), mais on n’en connaît encore aucun.
Définir des objets qu’ils ne savaient pas
construire a
conduit d’éminents mathématiciens
à
abandonner leur domaine d’étude.
C’est un grand pari des mathématiques que de faire
exister
les objets en créant les mots qui les désignent.
Et
l’exposé montrera que ce n'est pas un pari
réservé aux seules
mathématiques…
Questions soulevées par l'enseignement du calcul mental de 1882 à nos jours: une approche socio-didactique
par Pascale Masselot
Résumé- Les
derniers programmes de l’école primaire insistent sur la
nécessité pour les élèves
d’acquérir des automatismes : est-ce quelque chose de
nouveau ? Ces formulations apparaissent immédiatement à
la suite de la phrase relative au calcul mental: doit-on inférer
qu’une automatisation est particulièrement
recherchée dans ce domaine des mathématiques ? Que nous
apportent les recherches en didactique à ce sujet ? Comment sont
prises en compte ces injonctions dans la formation des maîtres ?