[1]
On admet au besoin
les écritures polynomiales à plusieurs
indéterminées.
[2]
La valeur de ce plusieurs est
à préciser au
cas par cas, notamment parce que les implications de sa
définition dépendent de la taille de la
« base » du système de
numération : « plusieurs » chiffres en
base « deux » n’a pas la même
signification que plusieurs chiffres en base « soixante
» ou en base
« million ». L’arbitraire n’est
pas total car les sociétés humaines ont
utilisé des bases de l’ordre de
quelques dizaines au plus. Pour l’application du
critère, il ne suffit pas de montrer des grands
nombres ‘ronds’ ; dire « 2-animal
éléphant » ou « 2-nœud
myriades » ne prouve pas l’usage des
grands nombres mais seulement la capacité de compter (ici
jusqu’à 2 !) du comptable (ici un gros
animal ou un gros paquet) ; par contre montrer « 1 myriade 6
mille [pas de centaine] 9 dizaine [pas
d’unité] » est
considéré comme une preuve suffisante de
l’usage des grands nombres, en l’occurrence,
d’un grand nombre à 5/4 chiffres significatifs.
[3]
Le chiffre
‘zéro’
n’apparaitra à coup sûr que chez les
Mayas, à partir du 4ème siècle. Les
stèles 18 et
19 de Uaxactun (fig. st. 19 dans le texte) sont les plus anciens
(01/02/357 grég.) exemples connus de
CL à cinq chiffres significatifs et comportant un
zéro attesté ; sur ces deux stèles le
zéro est attesté par
trois occurrences en position finale : 8.16.0.0.0. (3 Ahau 8 Kankin).
[4]
Ces CL commencent par un 7 ou
un 8. En grille de lecture maya,
c’est le coefficient des baktun
(quatre-centaines d’ans) ; dans cette grille, le tun
(an)
comprend 360 jours (18 vingtaines).
[5]
Les chroniques et plus
généralement les
documents anciens contiennent évidemment beaucoup
d’informations chiffrées (âge
d’une personne, nombre d’enfants ou de prisonniers
d’un roi…) dont
quelques-unes sont assez élevées (par ex., le
nombre de 20 000 victimes sacrifiées pour la
célébration
du feu nouveau chez les Aztèques) mais pas de grands nombres
répondant à notre critère.
[6]
Établie en 1428
entre Tenochtitlán, Texcoco
et Tlacopán.
[7]
Sepúlveda (sd :
14-16), identifie douze
catégories de produits : couvertures, tenues militaires et
armes, plumes et oiseaux vivants, peaux d’animaux et
coquillages, métaux, pierres précieuses et
ambres, résines et copal, encres et colorants, produits
manufacturés, produits forestiers, produits
agricoles, aliments.
[8]
Il y a deux fois plus
(respectivement 30 et 15 occurrences dans la
Matrícula) de répétitions du tout
(avec les nœuds 20 et 400) que de répétitions du
seul nœud numérique (plus souvent avec le nœud 20
qu’avec le nœud 400).
[9]
CG = 1 + [(19 x 203)
+ (19 x 202)
+ (19 x 201) + (19 x 200)]
= 160 000.
[10]
Les Olmèques
furent probablement les inventeurs
d’une écriture du nombre qui leur permit de
graver des nombres vigésimaux à cinq chiffres
significatifs, comme le CL 7.16.6.16.18. de la
stèle C
de Tres Zapotes (Veracruz, Mexique).
[11]
Les Mayas mirent au point une
numération de position
dont le chiffre zéro est parfaitement attesté
dès le 4ème
siècle, et un système vigésimal
d’unités de temps (système des
périodes dont les premières
expressions sont du 2ème
siècle). On peut donc souligner que, dans leur domaine
d’excellence (comptabilité, mesure), les
Aztèques n’ont sans doute pas réussi
à systématiser les ensembles
hétéroclites d’étalons et de
mesures. Selon Castillo (1972), les mesures de longueur
utilisées par les
peuples nahuas reposaient sur les proportions du corps humain. Cet
auteur a par exemple relevé et
caractérisé les étalons suivants : cenmatl
‘un bras’ (c’est-à-dire
l’étendue allant du pied gauche à
l’extrémité de la main droite, le bras
tendu vers le haut environ à 45° de la verticale,
soit deux mètres
et quelques décimètres), cemmitl ‘un
ongle’, cenyollotli ‘un
coeur’, cemacolli ‘un
bras’ (qui n’est pas
défini comme le premier), cenciacatl
‘une aisselle’, cemmolicpitl
‘un coude’, cemmatzotzopastli
‘un
(autre) coude’, cennequetzalli
‘un homme’.
[12]
Dans la mesure où
les documents
présentés par
ces auteurs sont de la période coloniale et donc
postérieurs à la Conquête et
qu’ils furent
produits dans un contexte de revendications impliquant de
fortes interactions entre un parti indigène et un parti
espagnol, on doit relativiser l’enthousiasme des
auteurs qui revient à faire de la banale formule du calcul
de
l’aire d’un rectangle une «
arithmétique
aztèque… système
mathématique
sophistiqué à l’instar des Mayas
». De
même, ces auteurs créditent
les Aztèques de l’invention d’une
«
numération de position et un symbole spécial pour
le
zéro ». Un
peu de vigilance épistémologique conduit
à
demander que l’on vérifie sérieusement
si
l’usage du zéro
et les pratiques de calculs de la surface des champs à
l’époque coloniale furent produits par la
tradition aztèque, empruntés par les scribes ou
encore
imposés par les Espagnols. Nous penchons pour les deux
dernières conjectures car l’émergence
du calcul des surfaces en fonction des côtés
s’explique plus simplement dans le cadre de
l’équation « conquête et
colonisation + revendications =
acculturation et naissance d’une arithmétique
métisse » ou « = acculturation et
imposition/emprunt de
la science de l’autre ».
[13]
Les Mésopotamiens
le firent et leur effort aboutit
à la numération sexagésimale.
[14]
« u-k'ama[l] u-pik
ix- uh (u)y al ‘C'est la
réception de la jupe de Ix Uh c'est son enfant’ /
u- k'a
[ma]l u-pik (u-) kisin? Kimil ‘C'est la réception
de la jupe de Kisin c'est la mort’ ».
[15]
Outre 2 figures mythiques et
2 lignes d’augures, il y a
une ligne d’équations Td(αi)
= αi+1 qui
renvoie à une façon traditionnelle voire
universelle de se repérer dans le temps par un jeu de
repères
et de nombres de jours définissant les périodes
(parfois symétrisées) de l’avent et de
l’après du repère.
Cf. un exemple dans Chamoux (2003).
[16]
Essentiellement
attestée dans les almanachs
divinatoires, la numération maya ‘à la
romaine’
comporte une règle (juxtaposition à valeur
additive) et 3 ‘chiffres’ : a) le point de valeur
‘un’ pouvant
être répété
jusqu’à quatre occurrences (chez les
Aztèques, le point peut être
répété jusqu’à 19
occurrences), b) la barre ‘cinq’
répétable jusqu’à 3
occurrences, c) le logogramme KAL, UINAL ou
UINIC de valeur ‘vingt’ (attesté sous
deux formes, dites du vingt ‘lunaire’ et du vingt
‘primate’) qui
n’est pas répété dans les
almanachs mais qui peut l’être (apparemment sans
limite fixée) notamment
pour décrire des quantités d’offrandes.
Dans le codex, les durées 28 et 24 sont écrites
avec les
chiffres ‘vingt lunaire’,
‘cinq’ et ‘un’, par ex.: 28 =
VCIII (vingt, cinq, un, un, un).
[17]
L’opposition de
couleur est ici un trait pertinent :
rouge = date, noir = durée. Nous
l’interprétons
comme marqueur de l’opposition ordinal/cardinal.
[18]
8-baktun
16-katun
0-tun
0-uinal 0-kin 3 Ahau
8 Kankin
[19]
Distinguer par une expression
ordinale : rang d’un jour
dans le mois, n° de dossard d’un coureur …
[20]
Définir un
évènement par
l’expression cardinale de sa durée en nombre de
jours ou de toute autre
période (mois, treizaine…), définir un
objet par sa mesure (cardinal, longueur, poids, valeur…).
[21]
Le mot
‘chiffre’ est ici le même
abus de langage que dans ‘chiffre romain’, il
s’agit d’un signe à
valeur numérique convenue (‘point’ = 1,
‘barre’ = 5, ‘drapeau = 20…)
et que l’on peut répéter
jusqu’à 19 occurrences.
[22]
Les données
présentées dans le
tableau sont de Launey (1985;664-665). On en déduit la
possible
ancienne motivation du compter sur/avec les doigts/la main
déjà notée par Grasserie (1903) qui
indique que les numéraux 5 et 10 contiennent la racine
‘main’. Selon Durand-Forest « macuilli
‘5’
vient de maitl ‘main’ et cui
‘prendre’ et signifie ‘prise de
main’ ; et matlactli
‘10’ vient de main et de
tlactli ‘buste’ partie
supérieure des mains ».
[23]
Possiblement, selon Launey,
des formes réduites de ihuan
‘et, avec ça’ et ipan
‘sur ça’.
[24]
Les chiffres points/barres
sont attestés dès
la 2nde moitié du 1er
millénaire av. J.-C.
[25]
Respectivement
jusqu’à 4 et 3 occurrences,
donnant les 4 premiers entiers et les 3 appuis additifs.
[26]
Un peu comme les francophones
ont oublié que onze,
douze… sont d’anciens
composés additifs du
type 1 + 10, 2+10 dont la motivation était transparente pour
les romains parlant latin. Ce qui montre
aussi, comme c’est souvent le cas dans les
numérations parlées, que les locuteurs firent des
sortes
d’essais de plusieurs stratégies de composition
avant d’en systématiser une (plus optimale pendant
un
temps) ; une trace fréquente de ce changement de
stratégie est le renversement du tactème
d’ordre
(seize/dix-sept, quince/dieciséis, quinze/dezesseis,
twelve/thirtenn…).
[27]
Les nœuds principaux
d’une numération
forment la suite des puissances de la ‘base’. Comme
nous
avons vu, cet ensemble, chez les Aztèques, est
fermé et petit : l’unité 200,
le nœud
principal 201 et les
puissances 202 et 203.
[28]
Outre le classificateur, car
le nahuatl et les langues mayas sont
des langues à classificateur.
[29]
Le paradigme
théorique des multiplicateurs est (1, 2,
3, etc. 19). Chez les Mayas, tous les
multiplicateurs possibles (1, 2, 3, 4, 6, 7, 8, 9, 10, 11, 12, 13, 14,
15, 16, 17, 18, 19) sont
effectivement attestés du moins pour les
premières puissances (kal, bak
et pic) pour un exemple, voir
Beltran de Santa Rosa. Quant au paradigme des multiplicateurs
aztèques, la situation est assez
différente, car on n’a pas de
témoignage direct pour tous coefficients multiplicatifs. Les
exemples
donnés par Launey montrent que les locuteurs
privilégiaient l’usage des petits multiplicateurs
(1, 2, 3
et 4) et des deux premiers multiplicateurs ‘ronds’.
Ces deux coefficients (5, 10) sont avec 15 des
sortes de ‘sous-bases’ tant de la
numération parlée nahuatl que de la
numération mésoaméricaine
écrite de style point/barre. En tout cas, on ne dispose pas
vraiment d’exemples effectifs où le
multiplicateur serait (19, 18, 17, 16, 14, 13, 12, 11, 9, 8, 7, 6). Le
coefficient multiplicateur 1 n’est
pas sous-entendu.
[30]
Qui d’ailleurs
correspondent exactement aux trois signes
numériques qui forment, avec l’unité
un,
le « vocabulaire terminal » des signes de la
numération écrite aztèque.
[31]
Le manque de
précision est lié au fait que
la stèle est très érodée au
niveau des plus hautes
puissances.
[32]
Le paradigme des
multiplicateurs couramment attestés ne
contient pas les entiers (6, 7, 8, 9, 11, 12,
13, 14, 16, 17, 18, 19) : « les noms des vingtaines et de
leurs puissances sont obligatoirement
précédés d’un cardinal de
rang inférieur qui leur sert de multiplicateur : on forme
ainsi des noms
composés dans lesquels les multiplicateurs apparaissent sous
une forme légèrement modifiée : 1
(…)
2 (…) 3 (…) 4 (…) et le radical sans
suffixe absolu pour 5, 10 et 15 » (Launey;1986:665) dont
voici
les principaux exemples : nauh-pohualli
‘80’, mátlac-pohualli
‘200’, on-tzontli
‘800’, macuiltzontli
‘2 000’, caxtol-tzontli
‘6 000’, e-xiquipilli
‘24 000’.
[33] Cf. Cauty et Hoppan (2002) pour une présentation de la
protraction. Le tactème d’ordre (arguments
placés dans l’ordre croissant) est le trait
pertinent qui différencie les formes protractives et les
formes
additives attestées pour noter la valeur (29, 30) de la
lunaison ou les durées marquant les petits pas
plus grands que vingt dans les almanachs.
[34]
Parlée =
transcription moderne (Hoppan;2010), et
Beltrán renvoie à l’orthographe
coloniale utilisée
dans Arte del idioma maya reducido a sucintas reglas y semilexicon
yucateco (Beltrán;1742).
[35]
Ce qui n’est pas le
cas des numérations
parlées des langues européennes notamment de
l’espagnol.
[36]
« La particule
– on
- sert à unir
les adjectifs numéraux entre eux, tandis que ipan
est
utilisé pour lier
des unités numériques de genres
différents » (Durand-Forest;2000:56). «
quand il n’y a que deux
éléments joints, /om/ est la jonction la plus
usuelle ; s’il y en a davantage, on peut faire alterner des
nombres précédés de /om-/et des
nombres précédés de ipan ou ihuan
» (Launey:666). Si nécessaire,
on pourrait distinguer les écritures ipan
‘sur
ça,⊕’
pour l’addition des
opérandes et om/on
‘et, +’
pour celle des constituants de chiffres.
[37]
http://www.dma.ens.fr/culturemath/histoire%20des%20maths/htm/cauty_nombres/texte.htm#1
[38]
Pour une
présentation synthétique : Cauty,
A. (1986), ‘Taxinomie, syntaxe et économie des
numérations parlées’, Amerindia,
n°11, Paris.
[39]
Plus prosaïquement,
il est conçu par paquets,
et paquets de paquets… et ceci selon une progression
vigésimale, régulière et
systématique, de la taille des paquets.
[40]
Le passage du type
disposition au type position suppose
l’invention du signe zéro pour remplacer
en surface le non-marquage des signes qui expriment normalement les
puissances successives de la
base : c’est le passage d’une écriture
de la forme ΣciNi
à une écriture de la forme ci
(qui sous-entend
les périodes et n’exprime que les coefficients, y
compris le coefficient nul).
[41]
http://celia.cnrs.fr/FichExt/Etudes/Maya/FDLCultureMathproPDFversion%20CELIA%20bis.pdf
[42]
On a sans doute un
témoignage graphique de cette forme
parlée en page 28c/57c du dresdensis.
[43]
C’est pourquoi
elles sont optimales pour
l’apprentissage et l’exercice du calcul
arithmétique. Des
didacticiens et d’autres chercheurs ont montré que
les
enfants asiatiques sont conduits à « faire moins
d’erreurs de comptage, comprendre les concepts de calcul et
de
nombre à un âge plus précoce, faire
moins d’erreurs dans la résolution des
problèmes
d’arithmétique, et comprendre les concepts
arithmétiques de base – tels qu’ils sont
par exemple
utilisés dans le commerce – bien plus jeunes que
leurs homologues américains ou européens
» (Geary
1994 : 244) parce que leur numération parlée est
systématique et isomorphe à leur
numération
écrite (type Articulation ou Position). Un indien de
l’antiquité mésoaméricaine
aurait
été dans ces conditions favorables s’il
avait
utilisé la numération
parlée du nahuatl et une numération
écrite maya.
[44]
‘braça,
palo, arbol’,
‘unité de mesure de longueur’, selon
Alonso de Molina, 1571, Vocabulario en
lengua mexicana y castellana (Mexico City: Porrua, 1970).
[45]
Ces regroupements
typographiques visent vraisemblablement
à faciliter la lecture/écriture des
agrégats de traits supérieurs à la
limite de subitisation de l’oeil (4 ou 5). La
présence du trait de
regroupement n’est pas en soi une innovation, ce qui est
nouveau c’est la systématicité de son
emploi.
[46]
Raoul de la Grasserie signale
un certain nombre de classificateurs
numériques : tetl pour les objets
ronds ; olotl pour le maïs, les troncs,
les piliers, tlamantli pour les paires, pantli
pour les rangées, les
sillons, les murs, les objets ou personnes disposés en
rang...
[47]
La différence des
systèmes en jeu (langue
espagnole, langue nahuatl et écriture pictographique)
crée, en effet, un différentiel suffisant pour
analyser (casser) en trois constituants le noyau lourd de
l’énonciation.
[48]
« Les Codex Vergara
et Santa María
Asunción sont deux documents très proches
conservés en
deux lieux différents : l’un se trouve
à Paris tandis que l’autre est à
Mexico. Ces deux codex,
aujourd’hui séparés, sont sans doute
deux parties d’un même document ou pour le moins
d’un même
dossier juridique. L’un et l’autre,
rédigés sur du papier européen,
portent la signature du juge Pedro
Vásquez de Vergara. C’est sous ce dernier nom que
l’on mentionnera dorénavant ces deux codex
[…]
A la différence du Codex Xolotl, il a
été possible de dater assez
précisément le Vergara et de proposer
une fourchette allant de 1539 à 1545 »
(Thouvenot;1998).
[49]
Selon Thouvenot : tlaca-tla-cuilo-l-li
= tlacatl
‘homme’ ; tla-
‘préf. indéf.
Inanimé’ ; icuiloa
‘écrire, peindre’ ; -l-
‘suf. Nominalisateur’ ; -li
‘suf. Absolu’= écriture des hommes :
informations
relatives aux relations généalogiques (id.).
[50]
mil-cocol-li
= milli
‘champ cultivé’ ; cocolli
‘charge’ ; -li ‘absolu’ =
contour des terres (idem).
[51]
Unité de longueur,
de l’ordre de 2,5
mètre selon Harvey et Williams qui pourrait ( ?)
correspondre
au cenmatl précolombien (= un brazo = 2,
50 m) de Sepulveda et Herrera.
[52]
Selon Williams et Jorge
(2008), ces « monades
» vérifient les égalités : 10
os = 6 bras = 5 coeur = 4
flèche = 2 quahuitl ; et 5 main = 3
quahuitl.
[53]
Que l’on pourrait
coder en numération romaine
adaptée au caractère vigésimal :
GVVVIIII.
[54]
tla-huel-man-tli
= tla-
‘préf. indéf. Inanimé ; huel
‘bien’ ; mani
‘être, se trouver’ ; -tli
‘suf.
Absolu’ = nivelé (Thouvenot, Amerindia 23).
[55]
Il existe encore des
régions analphabètes
où l’on peut observer diverses pratiques paysannes
d’estimation des surfaces et des rendements agricoles ; pour
un exemple récent ; Knijnik, G., ‘A
matematica da cubação da terra’, Etnomatematica,
Scientific American Brasil, Edição
especial n° 11 ;
Rouche, N., et Soto, I., 1994, ‘Résolution de
problèmes de proportionnalité par des paysans
chiliens’,
Repères, n° 14, Metz : Topiques éditions,
pp. 5-19.
[56]
Si on la restreint
strictement aux nombres à 2 chiffres
(unités, vingtaines) inscrits dans les couples
de registres R1R2 (tlahuelmantli)
ou R2’R3’
(Embajada), la numération tardive
pourrait être dite, par
abus de langage, de type positionnel.
[57]
Minima = produit de la plus
petite largeur par la plus petite
longueur ; maxima = produit de la plus
grande largeur par la plus grande longueur. Les méthodes
paysannes d’approximation des surfaces ne
se limitent à faire le produit de la longueur par la
largeur, certaines, par exemple, prennent le produit
des moitiés des sommes des côtés deux
à deux opposés.
[58]
Voir le tableau de leurs
résultats de calcul pour 42
champs différents (ibid. p. 1075).
[59]
Pour ce calcul on a utilisé
l’égalité : 5 main = 3
quahuitl.
[60]
Nicolas Chuquet,
l’inventeur en 1484 de la terminologie
des termes en –illion de
l’échelle longue
(billion = 1012, trillion = 1018,
etc.) ne s’y est pas trompé : « et
l’on doit savoir que ung million vault
mille milliers de unitez, ung byllion vault mille milliers de million
[…] et ainsi des autres se plus
oultre on voulait proceder ». La durée maya de la
stèle 1 de Cobá est un nombre à plus
de 20 chiffres.
[61]
Par définition, le chiffre zéro commute en
toutes positions avec tous les chiffres de la numération.
Le registre Z3 devrait pouvoir contenir
n’importe quel chiffre non nul et coefficient du nœud 400
(dans le système de Texcoco, ce chiffre non nul se trouve
dans R3 avec le chiffre coefficient de 20).
[62]
En général, verticale ou horizontale. Pour
diverses motifs esthétiques ou calligraphiques, et
à
condition qu’il soit un familier de cette
opération de mise en file et d’alignement des
cartouches, le
scribe peut évidemment placer la file de cartouches de
manière à lui faire prendre la forme
d’un
dessin particulier ; les mayas par exemple ont laissé des
textes dont la chaîne de glyphes imite le
parcours entrelacé d’une vannerie (Cf.
stèle J de Copán).
[63]
Les crochets [] pour transcrire le fait que les chiffres 1.11. se
trouvent dans un seul registre, R3.
[64]
D’autant que le nombre et la place des registres varient
d’un document à l’autre : le tlahuelmantli
des Papeles de la Embaja contient les registres que
nous avons notés R2’ et R3’.
[65]
Le choix sémiotique d’un système
additif est fréquent quand il s’agit de noter des
petits entiers. Ce
qui est le cas du milcocolli : selon la liste des longueurs
relevées par Harvey et Williams, le plus petit
côté est 7 et le plus grand
côté est 39. C’est aussi le cas des
chapitres d’un livre, souvent en chiffres
romains, ou des petites translations que l’on observe dans
les almanachs et que les scribes mayas
notaient en numération additive (chiffres 1, 5 et 20).
[66]
Trouver un espace blanc dans le cartouche rectangulaire (substitut
du champ) pour placer les
chiffres du nombre donnant la surface du champ et les signes donnant
les informations utiles au calcul
de l’impôt.
[67]
Une expérience des années quatre-vingt
montre bien l’intérêt de savoir compter
et se servir de la
balance : « il a essayé de nous voler comme
l’an dernier, mais cette année je sais compter et
me servir
de la balance » (Queixalos;1986).
[68]
Certains clercs pensaient que le zéro est une invention
diabolique, et que la numération en
« algorismes » avait le mauvais goût des
choses apportées par les étrangers de religion
musulmane
récemment boutés hors
d’Espagne… A fortiori,
l’Europe ne connaissait pas encore la numération
décimale (celle des nombres à virgule)
inventée par le flamand Simon Stevin et
présentée dans un
petit ouvrage intitulé De Thiende (La
dîme) et publié en 1586 en hollandais.
La notation
décimale de
Stevin trouva un écho favorable dans l'Europe savante, mais
elle entra tardivement dans le quotidien.
[69]
Une charrée était la
surface pour obtenir un
char de foin ; une charrue, un journal
ou une ouvrée
= la surface labourable en un jour par un homme (le
journalier…), une fourrée =
la surface pour
obtenir un foural de blé (20
à 30 litres) ; une
perche royale = 22 pieds
carrés…
[70]
Ce sont les bourgeois de la Révolution
française de 1789 qui s’attaqueront le plus
radicalement et
avec le plus de succès à cette
multiplicité et lutterons pour imposer le système
métrique… provoquant
parfois des émeutes parce que les paysans, les artisans, les
petits commerçants… bref la population
refusait d’abandonner un système, certes
hétéroclite au niveau national, familier,
significatif et
parfaitement adapté aux caractéristiques locales,
et de se voir imposer un système parfaitement
abstrait qui ne parle ni à l’imagination ni
à la tradition.
[71]
L’aune (mesure de longueur des tissus) par exemple est
définie comme 3 pieds 6 pouces à Nice et
à
Caen, comme 2 ½ pieds à Metz, comme 3 pieds 7
pouces 8 lignes par décret de 1540, et sa valeur
traduite en mètre variait de 0,67 m (Metz) à 2,44
m (dans le Beaunois), jusqu’à être
fixée à 1,20 m sur
tout le territoire français (décret du
12/02/1812).
[72]
L’émergence d’une
numération de type Position est un
événement rare : à notre connaissance
et
selon les données actuellement disponibles, ce petit miracle
s’est produit seulement quatre fois dans
l’histoire des civilisations écrites : en
Mésopotamie, en Chine, en Inde et en
Mésoamérique.
[73]
Lesbre (2008). L’art de peindre les codex fut rapidement
métissé de techniques européennes.
[74]
Le style « point/drapeau » aztèque
et le style
« point/trait » mésoaméricain
ou maya devient
le style
« trait/rond » du système de Texcoco.
Cela
n’empêche pas les ethnomathématiciens de
(se)
demander
« who can say the price in blood… » de
tels emprunts
ou de telles impositions.