L'équivalence entre f(x)
= 0 et f(1)f(0)
= 0
Nous exposons la troisième des démonstrations
données par Boole, qui
est la plus « booléenne » d'inspiration.
[Boole 1854, p. 102-103]
Partant de
f(
x) = 0, Boole
développe
f(
x)
sous la forme
f(1)
x +
f(0)(1-
x),
ce qui
lui fournit l'équation :
f(1)
x
+
f(0)(1-
x)
= 0.
Il la multiplie alors par
x, puis par 1-
x,
ce qui lui
donne successivement :
f(1)
x
= 0 et
f(0)(1-
x) = 0.
(Rappelons que
x(1-
x) =0,
xx
=
x
et (1-
x)(1-
x) = (1-
x)
d'après la loi
fondamentale.)
Il développe alors ces deux relations en fonction de
x,
obtenant :
f(1) = 0/
x = (0/0)(1-x)
et
f(0) = 0/(1-
x)
= (0/0)
x.
Il interprète alors ces équations :
1°) Aucun individu de la classe
représentée par
f(1) n'est un
x
2°) Tous les individus de la classe
représentée par
f(0) sont
des
x.
Ceci montre qu'aucun individu n'est à la fois dans la classe
f(1)
et dans la classe
f(0), par conséquent
f(1)
f(0)
= 0.
Une résolution de problème simple
Voici l'un des nombreux exemples plus ou moins simples que Boole donne
du fonctionnement de son système, prouvant ainsi son
efficacité dans la
résolution de problèmes. [Boole 1854, p. 63-64 et
p. 105-106]
On considère la proposition « Aucun homme
n'est placé en position
élevée et exempt de regards
envieux ».
On note « hommes » par
y,
« placé en position
élevée » par
x
et «
exempt de regards envieux » par
z.
La classe décrite par
« placé en
position élevée » et
« exempt de regards envieux »
s'exprime par
xz et
la classe contraire par 1 –
xz. C'est
à cette dernière que tous
les
hommes sont assujettis, de sorte que l'expression symbolique
correspondante est :
y = v(1
– xz), où v
est un
symbole de classe indéterminée.
Si la proposition avait été exprimée
sous la forme équivalente :
« Les hommes placés en position
élevée ne sont pas exempt de
regards envieux », son expression aurait
été :
yx = v(1
– z).
[On doit remarquer ici que Boole utilise, sans aucun commentaire, le
même symbole
v dans les deux expressions,
alors qu'il n'y a
aucune raison pour que la classe désignée par
v
soit la même
dans les deux cas. C'est une des manifestations de
l'ambigüité de ce
symbole dont le statut est imprécis, ce qui lui sera
reproché, et qui
fonctionne chez Boole comme un quasi-quantificateur.]
On obtient ainsi deux expressions symboliques différentes
pour une même
affirmation.
Pour montrer leur équivalence, il suffit
d'éliminer le symbole
v
dans chacune.
La première équation est :
y
-
v(1 –
xz) = 0
(par transposition). En faisant successivement
v =
1 puis
v
= 0 pour multiplier ensuite les résultats entre eux, on
obtient :
(y – 1 + xz)y
= 0, ou encore yxz
= 0 (après distributivité).
La seconde équation est :
yx
–
v( 1 –
z)
= 0. Le même procédé donne :
(yx – 1 + z)yx
= 0 c'est à dire yxz
= 0, comme précédemment.
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