Avant Boole : Un lent cheminementAlain Lemignot |
Ces propositions peuvent se transformer par permutation entre
sujet et
prédicat, opération nommée conversion
qui joue un rôle important.
Pour E et I ceci se fait sans
problème : il y a conversion
simple.
Pour A, ce n'est possible qu'en obtenant le type I,
il y a conversion
par accident.
Et pour O, c'est impossible, sauf si l'on fait agir
la
négation sur le prédicat devenu sujet et le type
obtenu est O :
« Quelques hommes ne sont pas mortels
» se convertit par négation en :
«
Quelques immortels ne sont pas des hommes ».
Le cœur de la syllogistique est
l'inférence : à
partir de deux propositions
posées comme vraies, les prémisses,
on
déduit la vérité d'une
troisième proposition, la conclusion.
Ceci se produit
à condition que les deux prémisses aient un terme
en commun appelé moyen terme
qu'il s'agit simplement
d'éliminer. La conclusion est une proposition
formée avec les deux termes restant, son sujet est
appelé terme mineur et son
prédicat terme majeur.
La Syllogistique est l'étude et la classification de toutes
les manières de procéder à une telle
déduction. Suivant la place occupée par le sujet
S (le mineur) et le prédicat P (le majeur) de la conclusion
(qui est posée de forme S est P) dans les
prémisses, il y a quatre figures du syllogisme (Aristote ne
reconnaissait pas la quatrième figure) :
En notant M le moyen terme,
1° figure : (M_P) et (S_M)
concluent en (S_P)
2° figure : (P_M) et (S_M)
concluent en (S_P)
3° figure : (M_P) et (M_S)
concluent en (S_P)
4° figure :(P_M) et (M_S) concluent
en (S_P).
Comme chacune des trois propositions est de l'un des quatre types A, E, I ou O, on peut envisager à priori 64 formes de syllogismes dans chaque figure. Ces formes se nomment les modes. Ainsi, il y aurait en tout 264 modes d'inférence différents. En fait, de nombreux modes sont invalides, la conclusion ne correspondant pas aux prémisses. L'un des enjeux de la syllogistique est de déterminer les modes valides suivant les figures. Par exemple le mode A A A est concluant dans la première figure, alors qu'il est invalide dans la deuxième figure.
Ainsi, après avoir établi qu'au total
seuls dix-neuf modes sont concluants, on les caractérise par
une appellation mnémotechnique astucieuse où les
trois voyelles de chaque nom correspondent aux types des trois
propositions :
1° figure : Barbara, Celarent,
Darii, Ferio
2° figure : Cesare, Camestres,
Festino, Baroco
3° figure : Darapti, Disamis,
Datisi, Felapton, Bocardo, Ferison
4° figure : Bramantip, Camenes,
Dimaris, Fesapo, Fresison.
Ces appellations se trouvent souvent réunies dans des formes versifiées qui nous rappellent l'importance de l'apprentissage oral et du par-cœur au Moyen Âge, avant le développement de l’imprimerie.
Les diverses conversions que nous avons vues sont mises en œuvre pour transformer tout syllogisme en l'un de la première figure, il s'agit de la réduction des syllogismes, qui permet d’établir qu’un syllogisme de n’importe quelle figure est concluant, étant admis que ceux de la première le sont. L'initiale du mode est alors significative, par exemple Bramantip (fig. 4) se réduit en Barbara, Camestres (fig.2) en Celarent et Felapton (fig. 3) en Ferio.
Il existe des règles assez nombreuses à propos des syllogismes, par exemple : Deux prémisses négatives ne donnent pas de conclusion, ou encore : Si une prémisse est particulière, la conclusion est particulière, etc.
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