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Nicolas Eber
Editions La Découverte, collection Repères (n° 451) - Juin 2006
Le dilemme du prisonnier illustre le conflit entre les incitations sociales à coopérer et les incitations privées à ne pas le faire : chaque prisonnier fait face à un dilemme entre sa rationalité individuelle qui lui dicte d’avouer et de dénoncer son complice et sa rationalité collective qui lui dicte de se taire.
Robert Axelrod a surnommé le dilemme du prisonnier « le colibacille des sciences sociales ». Ce modèle simplifié englobe en effet un très grand nombre de situations sociales puisqu’il incarne le conflit fondamental entre l’intérêt individuel et l’intérêt collectif. Suggéré par une expérience menée en 1950 par les mathématiciens de la Rand Corporation Melvin Dresher et Merrill Flood, puis explicité la même année par leur collègue Albert Tucker, le dilemme du prisonnier a fait l’objet d’un nombre vertigineux d’investigation scientifique.
Le conflit entre l’intérêt individuel et l’intérêt collectif caractéristique du dilemme du prisonnier se retrouve dans de très nombreuses situations sociales. En économie, notamment, un grand nombre de phénomènes constituent des dilemmes du prisonnier. Par exemple, deux entreprises leaders sur un marché ont souvent tendance à se livrer une concurrence sans merci (en termes de prix, de publicité, etc.) alors qu’une entente aurait permis de limiter les coûts pour chacune d’entre elles. De même, dans le domaine des relations internationales, la course aux armements est un exemple classique de dilemme du prisonnier. Deux pays se livrant à une surenchère dans les investissements militaires se retrouvent finalement dans une situation où ils se neutralisent en termes d’influence, c’est-à-dire une situation très proche de celle qui aurait pu exister si aucun pays ne s’était individuellement lancé dans l’opération. Le dopage dans le sport de haut niveau est également un bon exemple. Chaque sportif a intérêt à utiliser des produits interdits dans l’espoir d’améliorer ses performances. Le problème est que si chaque concurrent utilise la même stratégie, on se retrouve avec le même classement final, mais avec un coût potentiellement très élevé en termes de santé publique (et d’éthique).
Ainsi, le dilemme du prisonnier apparaît comme la situation la plus fréquente dans les interactions sociales. Il incarne l’idée fondamentale selon laquelle la confrontation des intérêts individuels ne débouche pas nécessairement sur l’optimum social. C’est pour cette raison qu’il est au cœur de la théorie économique, mais également d’analyses en science politique, en sociologie ou encore en anthropologie. D’une manière générale, on peut d’ailleurs considérer que c’est bien pour résoudre les situations de ce type qu’ont été mises en place un grand nombre des conventions et des institutions qui régissent aujourd’hui nos sociétés : Etat, lois, éthique, etc. C’est pourquoi le dilemme du prisonnier constitue, pour certains, la matrice fondamentale des sciences sociales, c’est-à-dire le modèle « universel » sur lequel pourrait à terme s’opérer leur unification.
Voir le dossier Des jeux pour découvrir les mathématiques appliquées au sciences sociales de Nicolas Eber dans la rubrique "matériaux pour la classe" du site CultureMath.
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