A l'occasion de la sortie de son livre Bernard Cache nous propose un texte inédit pour découvrir un traité de géométrie de Dürer
(cliquer sur le lien au-dessus !)
Il s'agit d'une relecture du traité de géométrie de Dürer : Underweysung der Messung.
Tandis que Luca Pacioli n’a en tête que de trouver une proportion divine, unique et invariable, Albrecht Dürer se préoccupe, lui, de réguler la variation pour tenter de domestiquer «l’informe [dy ungestalt] qui toujours s’enlace à notre œuvre [stettix jn vnser werck flecht]».
C’est que Dürer perçoit la variation tout à la fois comme une puissance à développer et une menace à conjurer. L'auteur tente de prêter attention à ce qui fait symptôme en référence au plan supposé neutre de la géométrie : entre l’absence de représentation d’une courbe serpentine, et la présence d’un monument aux paysans qui s’étaient révoltés l’année même de la publication du traité en 1525. C’est entre cette absence de serpents et cette présence de rebelles que fait irruption tout un contexte qui va de la sorcellerie à l’insurrection politique.
Et par contraste, c’est sur cet arrière-fond qu’on comprend le mieux le souci de rationalité qui a guidé ce non-mathématicien en rédigeant un traité de mathématiques à l’usage de lecteurs non-mathématiciens