Peu de filles dans les filières techniques et scientifiques, peu de
femmes en particulier dans les métiers mathématiques : la mixité
dans l'enseignement n'entraînait donc pas magiquement une véritable
diversification de la vie scolaire et professionnelle. C'est de ce constat,
du désir de réfléchir plus profondément aux problèmes
qu'il suggère et d'y remédier, que l'association femmes et mathématiques
est née en 1987.
Ses statuts précisent ses objectifs : encourager les filles à
s'orienter vers les études scientifiques et techniques, diffuser les
informations disponibles sur les carrières et les débouchés,
promouvoir les femmes dans le milieu scientifique (en particulier mathématique),
offrir des lieux de rencontres et de discussions entre mathématiciennes
et coopérer avec les groupes et les associations poursuivant des buts
analogues, en France ou à l'étranger.
Dans la décennie suivante, l'association est intervenue sur ces différents
fronts, avec le souci constant de mener de concert approfondissement théorique
et action pratique. Son développement a été rythmé
par un recrutement peu à peu élargi et des collaborations variées.
Ce sont les principales étapes de cette histoire collective que nous
aimerions évoquer ici.
L'association femmes et mathématiques a été officiellement fondée en 1987, lors d’une réunion à l’Institut Henri Poincaré à Paris. Mais le projet a des racines plus profondes. L'impact du mouvement féministe très actif des années 1970, lié à une contestation plus générale de toutes les structures sociales, s'est fait sentir aussi dans le milieu mathématique. Des exposés sur la situation des femmes mathématiciennes étaient inclus dans le programme du séminaire « Mathématiques, Mathématiciens, Société » [1] organisé à Orsay en 1974. Le sujet a été aussi traité dans des textes de la revue Pénélope [2], dans des documents inter-IREM [3] (coordonnant les Instituts de Recherche sur l'Enseignement des Mathématiques), ou dans le séminaire Philosophie et Mathématiques de l'École normale supérieure [4]. De futures membres de l'association ont participé à ces différentes initiatives.
Dans les années 1980, le militantisme est moins actif, mais nombre
des thèmes du mouvement féministe sont intégrés
à l'action publique après 1981. Le ministère du Droit
des femmes remet en cause des orientations vers des études ou des métiers
fondées sur des stéréotypes sexistes et signe notamment
en 1985 avec le ministère de l'Éducation nationale une convention
pour l'égalité des chances entre filles et garçons. Des
chargées de mission pour cette question sont nommées dans tous
les rectorats. Le Centre national de la recherche scientifique (CNRS) lance
une Action thématique programmée autour des études féministes
et des études sur les femmes, qui favorise en particulier des recherches
sur le rapport des femmes aux sciences et sur l'accès différencié
aux métiers techniques et scientifiques [5].
Le monde mathématique continue lui aussi à s'intéresser
à ces questions. Une table ronde internationale sur « Women in
Mathematics », organisée par l'association américaine
Association for Women in Mathematics (AWM) [6], a lieu au Congrès international
de mathématiques à Berkeley en 1986: une enquête parmi
les mathématiciennes françaises a été organisée
et la situation française y est présentée - ce fut l'occasion
de premiers contacts. Dans la foulée, une rencontre de mathématiciennes
européennes a lieu en décembre 1986 à Paris: l'association
European Women in Mathematics (EWM) [7], qui regroupe des mathématiciennes
de tous les pays européens, se met alors en place, de façon
informelle d'abord, faute de structures juridiques adéquates au plan
européen.
Simultanément, en France au moins, les mathématiciens se sentent
en crise, non dans leur production intellectuelle, mais dans la représentation
que semble avoir de leur discipline la société française
: image peu attrayante de la matière scolaire, doutes sur l'utilité
des mathématiques, critiques de la sélection par les mathématiques,
retombées désastreuses de la réforme dite des mathématiques
modernes. La Société Mathématique de France (SMF) organise
un débat en octobre 1986, pour lancer la campagne « Mathématiques
à Venir » destinée à examiner les causes de cette
désaffection et à améliorer l'image de la discipline,
tout en attirant l'attention des pouvoirs publics et des responsables de l'économie
et de l'éducation sur l'insuffisance du recrutement en mathématiques
et sur ses conséquences à court, moyen et long terme. La situation
des mathématiciennes françaises et son évolution, en
particulier, est discutée dans ce contexte de réflexions sur
l'avenir desmathématiques. Lors du grand colloque national «
Mathématiques À Venir » organisé à l'École
Polytechnique par la SMF et la Société de Mathématiques
Appliquées et Industrielles (SMAI), une table ronde sur « la
place des femmes en mathématiques » est incluse dans le programme
[8]. C'est le moment des premières études statistiques sur les
femmes dans le milieu mathématique français, des premiers témoignages
de mathématiciennes devant un large public, et l'une des premières
interventions officielles de l'association femmes et mathématiques.
Un dernier élément a en effet précipité la création
d'une association de mathématiciennes en France : les concours d'entrée
aux Écoles normales supérieures sont rendus mixtes au milieu
des années 80 - au nom de l'égalité entre femmes et hommes,
dernière étape d'un processus général vers la
mixité, entamé au début des années 60 pour l'enseignement
primaire et secondaire. Le système précédent, dans lequel
un nombre de jeunes filles fixé à l'avance était recruté
dans les Écoles normales supérieures de jeunes filles (Sèvres
et Fontenay-aux-Roses), équivalait à un système de quotas
: après l'examen d'entrée, en effet, une grande partie du déroulement
des études et les examens qui les ponctuaient étaient déjà
mixtes. Ces systèmes semblaient favoriser la présence de femmes
parmi les mathématiciens, par rapport à d'autres pays comparables
sur le plan international. La mixité eut en mathématiques (et
dans une moindre mesure, en sciences en général) l'effet prévu
: une chute drastique du recrutement des jeunes filles dans les Écoles
normales supérieures (reflétant leur faible nombre dans les
classes préparant effectivement aux concours d'entrée aux Écoles
normales).
C'est dans ce riche contexte, à la fois national et international,
que femmes et mathématiques est créée. L'association
compte très vite après sa création soixante-dix adhérentes.
La quasi totalité de ses membres sont alors universitaires et mathématiciennes.
Dans la dynamique du colloque « Mathématiques À Venir » de 1987, une opération de grande envergure vis-à-vis des lycéennes et des lycéens, l'Opération 50 lycées, est mise en place par cinq associations professionnelles mathématiques, la SMF et la SMAI, l'Association des Professeurs de Mathématiques de l'Enseignement Public (APMEP), l'Union des professeurs de spéciales (UPS) et femmes et mathématiques. Une vaste enquête est d'abord réalisée auprès des lycéens et lycéennes sur l'image qu'ils ont des mathématiques et d'eux-mêmes en mathématiques : les résultats de l'enquête [9] font notamment apparaître pour la première fois la façon très différente dont filles et garçons vivent les mathématiques en classe, à la fois comme discipline scolaire et comme moyen d'atteindre certains métiers. L'enquête est suivie de la publication d'une brochure [10], d'une série de débats sur les mathématiques dans une vingtaine de villes, et de nombreux articles leur sont consacrés (ainsi qu'au problème des jeunes filles en sciences), dans la presse nationale, régionale et spécialisée, y compris la presse dite féminine (Marie-Claire, Elle, Bonnes soirées...).
Par ailleurs, l'association oriente aussi ses actions vers les enseignantes
et enseignants du secondaire : en 1989, elle tient un stand dans l'exposition
« Mathecom » organisée en même temps que les journées
de l'APMEP à Paris. Des membres de l'association participent à
des stages de formation d'enseignant-e-s, à des forums sur la science,
à des réunions dans des lycées, dans toute la France.
femmes et mathématiques prend aussi contact avec d'autres associations
concernées par la faible représentation des femmes dans les
formations scientifiques, par exemple l'association Pour une éducation
non sexiste, l'Association Française des Femmes Diplômées
de l'Université (AFFLU) [11], ou l'Association Française des
Femmes Ingénieurs (AFFI) [12].
Outre les rapports sur les activités passées et en cours, les
réunions de l'association incluent à la fois des exposés
de mathématiques (données par des mathématiciennes),
ainsi que des interventions de sociologues, psychologues, didacticiennes et
historiennes.
L'association joue aussi un rôle international, en déléguant
des représentantes aux colloques réguliers de EWM. Elle organise
en 1992 le cinquième congrès d'EWM au Centre international de
rencontres mathématiques (CIRM), à Luminy, avec des soutiens
financiers de la SMF, de la Commission européenne de Bruxelles et d'organismes
nationaux et régionaux. Le colloque qui dure pour la première
fois une semaine pleine contient un programme mathématique important
(soutenu par une réflexion sur la manière de communiquer des
mathématiques) sur trois thèmes, des exposés d'intérêt
général et des ateliers ; c'est aussi la première fois
que des contacts sont établis avec des mathématiciennes des
pays de l'Est européen [13]. Une table ronde sur le thème «
Women and Mathematics » [14] est aussi organisée pendant le premier
colloque européen de mathématiques, qui se tient à Paris
la même année : cette table ronde est l'occasion d'une enquête
statistique comparative entre les pays européens sur la représentation
des femmes en mathématiques. Le succès de ces deux manifestations
témoigne de l'intérêt porté au problème
des femmes en mathématiques par une partie importante de la communauté
mathématique.
L'association compte alors une centaine de membres. Le recrutement s'est diversifié
: l'association comprend maintenant des enseignant-e-s du secondaire ou des
classes préparatoires.
En 1992, l'Institut Henri Poincaré est en cours de rénovation afin de devenir la Maison des mathématiciens : y est en particulier prévu l'installation du centre Émile Borel (qui accueille chaque trimestre des chercheurs en mathématiques pour des cycles de conférences thématiques) et de locaux pour les sociétés savantes de mathématiques ou de physique. Au même titre que la SMAI, la SMF ou la Société française de physique (SFP), l'association femmes et mathématiques y obtient un bureau. Elle y tient des permanences régulières outre la réception du public, l'organisation du fonds documentaire de l'association et la réalisation de fichiers ressources sont maintenant au programme.
Pour réaliser ses projets, l'association bénéficie d'une
subvention du Bureau du droit des femmes au ministère de l'Emploi,
ce qui permet l'installation du bureau, la mise en place d'une revue femmes
& math, ainsi que l'organisation de débats et de réunions
scientifiques.
Cet utile ancrage parisien et ces financements favorisent... une authentique
délocalisation : une des assemblées générales
de l'association a désormais lieu tous les ans en province. L'information
en direction des étudiantes se met en place : citons par exemple les
actions organisées à l'occasion de la journée de la femme
en 1995 dans cinq universités françaises. Un module de formation
[15] pour favoriser l'égalité des chances est mis au point avec
d'autres associations et proposé dans certains Instituts Universitaires
de Formation des Maîtres (IUFM).
L'association est aussi vigilante sur les problèmes rencontrés
par des mathématiciennes en début de carrière ou isolées.
Elle commence en particulier à organiser le forum des jeunes mathématiciennes,
une rencontre de jeunes mathématiciennes afin de favoriser leur intégration
dans le milieu mathématique. Outre sa participation aux réunions
de EWM, elle organise en 1997, de nouveau au CIRM, une conférence franco-russe,
en collaboration avec la RAWM (Russian Association for Women Mathematicians),
grâce à une subvention du CNRS et de la communauté européenne.
Cette manifestation qui a nécessité un travail de négociations
auprès du Conseil scientifique du CIRM confirme la reconnaissance de
l'association auprès des mathématiciens et a un succès
certain. Un atelier international sur les notions de renormalisation en mathématiques
et en physique [16] s'est aussi tenu en juin 1996 à l'IHP (organisé
conjointement avec EWM).
Depuis cette période, le nombre d'adhérent-e-s a atteint 150.
L'association comprend aussi d'autres scientifiques, notamment des informaticiennes,
ainsi que des sociologues, des philosophes et des historiennes s'intéressant
à la question des femmes dans les milieux scientifiques.
La revue femmes & math paraît au moins une fois par an. Elle comporte trois grandes rubriques : vie de l'association, « du côté des maths », une rubrique incluant des articles mathématiques, « du côté des femmes », qui rassemble les comptes rendus de débats, des contributions sur le thème des femmes en sciences, une bibliographie, des statistiques. Le site de l'association [17] régulièrement mis à jour et la liste femmes-et-maths diffusent aussi de nombreuses informations.
Le forum des jeunes mathématiciennes est organisé tous les ans
à l'IHP. Il est l'occasion pour une cinquantaine de jeunes mathématiciennes
de se réunir, d'exposer leurs travaux et de les discuter, de rencontrer
des mathématiciennes, jeunes ou seniors, d'autres disciplines ou d'autres
villes, et de faire connaissance avec l'association.
Outre la tenue du forum des jeunes mathématiciennes, le dixième
anniversaire de l'association a donné lieu le 1er février 1997
à une journée intitulée « Des femmes dans les mathématiques
contemporaines » qui rendait hommage à quatre pionnières
: Yvonne Choquet-Bruhat, Jacqueline Ferrand, Paulette Libermann, Marie-Hélène
Schwartz.
Les assemblées générales de l'association qui ont lieu
tous les ans en province (jusqu'à présent, à Rennes,
Lyon, Lille, Reims, Bordeaux, Toulouse, Nice et Clermont-Ferrand) sont désormais
associées à une journée de rencontres scientifiques.
Les autres assemblées générales ont lieu à l'IHP,
elles aussi accompagnées de conférences mathématiques
ou d'exposés de chercheuses en sciences sociales.
Le travail en direction de l'enseignement secondaire s'est lui aussi approfondi
: de nombreuses interventions ont eu lieu auprès de collégiennes
et de lycéennes à l'occasion de journées organisées
par les rectorats ou par les chefs d'établissements, de journées
portes ouvertes, de Fêtes de la Science. L'association a aussi tenu
des ateliers lors des journées de l'APMEP Un numéro spécial
de notre revue [18] a été consacré aux mathématiques
dans les classes à dominante littéraire : à l'aide d'une
enquête approfondie et de nombreux témoignages, il montre l'importance
de maintenir une culture scientifique, et mathématique en particulier,
en dehors de sections strictement scientifiques et témoigne des dangers
d'une spécialisation précoce des formations pour la diversification
des orientations professionnelles.
Nous continuons nos contacts réguliers et nos actions communes avec
les associations poursuivant des objectifs analogues (AFFDU, AFFI) ou proches
(Association Sciences Techniques et Société (ASTS) [19], réseau
Demain la Parité [20], Association Nationale des Études Féministes).
Une volonté politique nouvelle en faveur de l'égalité
des chances pour l'accès aux formations et aux métiers scientifiques
s'est récemment manifestée et il nous semble important d'entretenir
cette volonté en participant aux actions proposées ou en proposant
de nouveaux projets.
La convention interministérielle « Pour l'égalité
des chances entre filles et garçons » [21] signée le 25
février 2000 par quatre différents ministères (Emploi
et Solidarité; Éducation nationale, Recherche et Technologie;
Agriculture et pêche; Enseignement Scolaire) et par le secrétariat
d'État aux Droits des Femmes prévoit entre autres la promotion
de l'égalité dans l'enseignement supérieur. Un numéro
spécial du Bulletin Officiel de l'Éducation nationale [22] a
été consacré à cette convention; les rectorats
et les IUFM commencent à mettre en place diverses actions de sensibilisation
au problème de l'égalité des chances. La Direction de
l'Enseignement Supérieur est engagée dans cette direction et,
en particulier, a introduit depuis peu dans la politique contractuelle avec
les établissements un axe « politique de la promotion de l'égalité
des chances des femmes et des hommes » [23].
Le 8 mars 2000, a été instauré le principe de recueillir
et de publier des statistiques sexuées dans la fonction publique en
général et le système éducatif en particulier.
L'association femmes et mathématiques soutient d'autant plus cette
initiative qu'elle a dû élaborer à plusieurs reprises
ses propres enquêtes, dans la dernière décennie, faute
de données officielles adéquates. Deux rapports sur l'enseignement
supérieur, l'un sur la place des femmes dans l'enseignement supérieur
et la recherche [24], l'autre sur la présence des filles dans les filières
de l'enseignement supérieur [25] ont pu être ainsi élaborés,
avec la participation d'adhérentes de l'association femmes et mathématiques.
À l'échelle européenne un travail d'analyse a été
mené simultanément dans les pays de la communauté : il
s'est traduit par un rapport (dit rapport ETAN) [26] et une série de
directives : « Science and Policies in the European Union : Promoting
excellence through mainstreaming gender equality ».
Une nouvelle association intitulée « Femmes et Sciences »
[27] a vu le jour à la fin de l'année 2000. Notre association
en est l'un des membres fondateurs. « Femmes et Sciences » essaie
maintenant de se développer en province en créant des antennes
locales. Une de ses premières manifestations publiques sera en 2001
un colloque « femmes et métiers scientifiques et techniques ».
À signaler également le colloque « Colloque Sciences et
technologies: Pourquoi les filles ? » qui a été organisé
le 26 octobre 2000 au CNAM [28].
Nous avions aussi depuis longtemps un projet de livre. Si nous n'avons pas
réussi à concrétiser notre espoir de le voir paraître
au cours de l'année 2000, Année mondiale des mathématiques,
nous nous orientons maintenant vers un double projet éditorial : un
projet livre intitulé provisoirement « du côté des
mathématiciennes » en cours de rédaction et un livre abordant
le sujet « art et mathématiques » vu par des femmes artistes
ou mathématiciennes, paru un mai 2001 [29].
Une exposition « femmes en maths : pourquoi pas vous ? », destinée
aux élèves des établissements secondaires, a obtenu le
soutien du ministère de l'Éducation nationale, de la délégation
au Droit des femmes et à l'Égalité et du CNRS. À
travers des portraits de femmes qui ont fait des études de mathématiques,
elle vise à montrer la richesse des possibilités de carrières
auxquelles mènent les études de maths, à combattre les
stéréotypes sur les maths et à donner aux lycéennes
l'audace d'en faire. La réalisation de l'exposition est confiée
à une équipe de professionnelles : photographe, rédactrice
et graphiste. Elle a été inaugurée le 19 mai 2001, à
l'IHP et visible dans les lycées à la rentrée de septembre
2001.
A partir de 2001, une part importante de nos activités s'articule autour
de l'exposition "femmes en maths : pourquoi pas vous ?".
La première étape consiste à la faire connaître
et la diffuser. L'université de Reims Champagne Ardenne nous apporte
un soutien décisif en constituant et en pilotant un réseau d'établissements
supérieurs qui acceptent de présenter et de faire circuler l'exposition
dans leur académie. Le bureau parisien de l'association se charge de
la diffusion en Ile-de-France. Ainsi, l'exposition circule dans de nombreuses
régions de France, dans les universités et les IUFM, dans des
collèges et des lycées, dans certaines mairies ou autres lieux
publics.
Elle est accompagnée d'une brochure en couleurs reprenant le contenu
des panneaux, avec quelques compléments, et d'un document de présentation
et d'aide à la mise en place de l'exposition destiné aux enseignant-es.
Nous avons également réalisé une version en anglais de
l'exposition et de la brochure d'accompagnement pour une diffusion au-delà
de nos frontières (exemples: la République Tchèque en
2002, Beyrouth, Munich et Londres en 2003, Hanovre en 2004)
Dans la majorité des cas, principalement dans les établissements
scolaires et à la demande des organisateurs, la présentation
de l'exposition s'accompagne d'une intervention de notre part.
Le colloque du 17 mai 2003 à Paris, "Pour plus de femmes scientifiques
: Bilans et perspectives", avait parmi ses objectifs de faire un bilan
de la circulation de l'exposition, deux ans après son lancement.
La situation politique et sociale conduit à un double constat : la
diminution du nombre de jeunes s'engageant dans des études scientifiques,
surtout dans les sciences fondamentales, et l'arrivée massive prochaine
à l'âge de la retraite de la génération du "baby-boom".
Si rien n'est fait, la conjugaison de ces deux facteurs entraînera une
grave pénurie de scientifiques dans l'enseignement, la recherche et
toute l'activité scientifique et technique du pays. Pour tenter d'y
remédier, les pouvoirs publics souhaitent convaincre des jeunes de
se diriger vers les sciences, et en particulier les filles qui traditionnellement
en sont éloignées, de façon à compenser le manque
de garçons. Cette préoccupation rejoint notre démarche
et explique l'accueil plutôt favorable à nos actions de la part
de certains organismes officiels.
Notre réflexion sur cette question s'est traduite par l'organisation
du colloque "Regards croisés sur la désaffection des jeunes
pour les études scientifiques universitaires", entre sociologues
et enseignant-es de mathématiques, à Paris le 15 mai 2004.
L'association est sollicitée pour des interventions de plus en plus
nombreuses dans les lycées et collèges, généralement
en lien avec la présentation de l'exposition, parfois dans un autre
contexte tel que forum des métiers, journée à thème
mathématique ou scientifique, sur l'orientation, sur l'égalité
des chances entre filles et garçons, etc. Parmi les sujets abordés
: femmes et mathématiques, stéréotypes sexistes et orientation,
métiers scientifiques.
Nous répondons bénévolement à toutes les demandes
mais ne pourrons pas toujours le faire tant elles se multiplient.
Certaines interventions se font en partenariat avec les associations Femmes
et Sciences ou Femmes Ingénieurs.
La collaboration entre les trois associations se concrétise et s'intensifie
avec le projet commun, en cours de réalisation, d'un site internet
ayant pour but de promouvoir les sciences et les techniques auprès
des filles www.elles-en-sciences.org
Les activités régulières de l'association se poursuivent
: forum des jeunes mathématiciennes, journées régionales,
publication de la revue et du livre "Du côté des mathématiciennes",
participation à de nombreuses manifestations et colloques, en France
et à l'étranger.
L'ensemble du travail de l'association pour l'égalité des chances
et la promotion des femmes en sciences a été couronné
par l'attribution du prix Irène Joliot-Curie par le Ministère
de la Recherche le 17 novembre 2001, puis de la Légion d'Honneur à
Christine Charretton le 14 septembre 2002, et à Julianne Unterberger
le 11 septembre 2004.