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Géométrie non arguésienne dynamique
implémentée avec CaRMetal
Yves Martin - IREM de La Réunion
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« [...] deux
figures sont égales quand on peut les superposer ; pour les
superposer il faut déplacer l'une d'elles jusqu'à ce
qu'elle coïncide avec l'autre, mais comment faut-il la
déplacer ? Si nous le demandions, on nous répondrait sans
doute qu'on doit le faire sans la déformer à la
façon d'un solide invariable. Le cercle vicieux serait alors
évident. [É]
Cependant toute imparfaite qu'elle soit, cette définition
implique un axiome. La possibilité du mouvement d'une figure
invariable n'est pas une vérité évidente par
elle-même, ou du moins elle ne l'est qu'à la façon
du postulatum d'Euclide et non comme le serait un jugement analytique a
priori. D'ailleurs en étudiant les définitions et les
démonstrations de la géométrie, on voit qu'on est
obligé d'admettre, sans les démontrer, non seulement la
possibilité de ce mouvement, mais encore quelques-unes de ses
propriétés. »
Poincaré, La Science et l'hypothèse (1902)
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Historiquement, l'utilisation
du mouvement dans les démonstrations de géométrie
a toujours posé problème ; depuis Euclide, qui n'y
recourt qu'une fois au tout début de ses Éléments, en passant par Proclus qui le dénonce, puis les différentes écoles arabes du IXe au XIIe
siècle, certains mathématiciens l'utilisant (al-Haytam),
d'autres le refusant (al-Kayyam), jusqu'à Wallis qui l'utilise
encore explicitement, le mouvement en géométrie traduit
bien l'ambiguïté de la relation entre le monde sensible, sa
modélisation, puis - pour les mathématiques - son
axiomatisation.
C'est, en particulier, pour
résoudre ce « cercle vicieux » comme le dit
Poincaré ci-dessus, que David Hilbert, dans ses Fondements de la géométrie, axiomatise
les propriétés attendues du mouvement en introduisant des
axiomes minimaux de congruence de segments et d'angles.
Parmi les résultats
les plus remarquables de son ouvrage, nous allons nous
intéresser ici à l'importance du théorème
de Desargues pour construire la géométrie euclidienne.
Une géométrie qui vérifierait les autres
propriétés usuelles attendues, à l'exception du
théorème de Desargues, serait assez surprenante par
rapport à notre environnement euclidien immédiat, et
même, relativement à une éventuelle culture non
euclidienne, qu'elle soit hyperbolique ou elliptique. Hilbert a
qualifié de « non arguésienne » une telle
géométrie, dans laquelle le théorème de
Desargues n'est pas vérifié.
Comme nous allons le voir,
cette géométrie ne vérifie pas les plus simples de
nos représentations géométriques comme les cas
d'égalités des triangles. En effet, nous allons nous
trouver au sein d'une géométrie affine dans laquelle il
n'y a pas de translation, ou si l'on préfère, avec des
translations ne conservant pas les segments. Ainsi, le mouvement le
plus élémentaire pour superposer des objets ne conserve
pas les grandeurs géométriques de ces objets.
Autrement dit, avec la
géométrie non arguésienne, on dispose d'un exemple
de géométrie dans laquelle le mouvement n'est pas
pertinent pour illustrer la congruence. C'est donc un exemple de
géométrie qui illustre parfaitement bien les
différents questionnements que l'utilisation du mouvement a pu
soulever dans la pratique géométrique.
Pour illustrer cela - et ce
n'est pas un paradoxe - nous allons utiliser la géométrie
dynamique, sa manipulation directe, l'action sur les figures et donc le
mouvement.
Après un travail
systématique de Ruth Moufang, dans les années 1931-1933
axé sur les fondements, dans un contexte projectif la
géométrie non arguésienne n'a jamais
été beaucoup étudiée, en particulier parce
qu'elle ne se prête pas au calcul algébrique et que chaque
situation contient systématiquement de nombreux sous-cas. Elle
n'a jamais été implémentée en
géométrie dynamique car, jusqu'à ces
dernières années, les logiciels n'offraient pas encore
les outils permettant une implémentation aisée du
modèle le plus simple connu : le plan de Moulton.
La situation a changé,
en particulier avec le logiciel CaRMetal qui va nous permettre
d'étudier la géométrie du plan de Moulton d'une
manière nouvelle.
Ce travail pourra servir en
formation initiale - ou continue - et montrer, à l'occasion de
compléments de géométrie ou de l'utilisation d'un
logiciel, l'importance de l'invariance des grandeurs par un
déplacement dans notre modélisation
géométrique, notamment en quoi, dans un contexte affine,
cette invariance est liée à la propriété de
Desargues.
Cett article contient plus de 20
figures qui nécessitent un premier applet java de 1,8 Mo. La
page peut être un peu longue à charger. Il se peut qu'il
faille la recharger pour disposer effectivement toutes de les figures
fonctionnelles.
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Pour la suite de cette
présentation, il peut être utile de se rappeler la
présentation axiomatique de Hilbert telle qu'elle
sapparaît dans ses Fondements à partir de la 7e
édition. Elle se présente sous la forme de cinq groupes
d'axiomes : les axiomes d'incidence, les axiomes d'ordre, les axiomes
de congruence, l'axiome des parallèles et les axiomes de
continuité. À partir des deux premiers groupes on peut définir les demi-droites et les segments.
Des axiomes d'ordre on retiendra en particulier celui dit « de
Pasch » qui fut l'un des premiers manquements majeurs
repérés par Pasch chez Euclide.
II.4. Si une droite du plan ne
passe par aucun des sommets d'un triangle et rencontre un des
côtés, alors elle rencontre l'un des deux autres
côtés.
Vient alors le groupe des axiomes de congruence :
Définition : Entre les segments, il existe certaines relations exprimées par les mots congruent ou égal.
III.1. Sur une droite
donnée et d'un côté d'un point A donné, il
existe un point B tel que le segment AB soit congruent à un
segment donné.
III.2. Si deux segments sont congruents à un même troisième, ils sont congruents entre eux.
III.3. Si B est entre A et C, si
B' est entre A' et C', si AB et A'B' sont congruents et si BC et B'C'
sont congruents, alors AC et A'C' sont congruents.
Le premier axiome introduit
la possibilité de report d'un segment (l'unicité de B
sera montrée), le deuxième aboutit à ce que la
congruence des segments soit une relation d'équivalence et le
troisième à la possibilité d'additionner les
segments. Le report d'angles se traite de la même façon.
Toutefois, l'unicité de l'angle doit être demandée
axiomatiquement, alors qu'elle est démontrée pour les
segments, justement par les angles, comme première
conséquence de III.4 et III.5 ci-dessous. Par leur
définition, les angles sont non concaves et non plats
III.4. Dans un plan
donné, et d'un côté d'une demi-droite h
donnée, il existe une unique demi-droite k telle que l'angle (h,
k) soit congruent à un angle donné.
III.5. Si dans deux triangles
ABC et A'B'C', on a les congruences entre les segments AB et A'B',
entre les segments AC et A'C' et entre les angles BAC et B'A'C', alors
on a aussi la congruence entre les angles ABC et A'B'C'.
Hilbert reprend
l'exposé d'Euclide : il définit alors l'angle
supplémentaire et l'angle droit comme égal à son
supplémentaire. Il montre l'existence des angles droits et leur
congruence (comme Proclus) ainsi que les trois cas
d'égalité des triangles. Les derniers
théorèmes avant l'axiome des parallèles portent
sur la possibilité de bissecter un segment et un angle (avant
d'étendre la notion de congruence aux figures planes ou de
l'espace).
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1. Desargues et Hilbert
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Dans le cadre affine, le
théorème de Desargues exprime simplement l'existence du
groupe des homothéties-translations :
Soient ABC et A'B'C' deux
triangles tels que (AB) // (A'B'), (AC) // (A'C') et (BC) // (B'C')
alors les droites (AA'), (BB') et (CC') sont parallèles ou
concourantes.
Avec la réciproque
suivante : Si (AB) // (A'B'), (AC) // (A'C') et si les trois droites
(AA'), (BB'), (CC') sont concourantes ou parallèles, alors (BC)
// (B'C').
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En fait la propriété est projective :
Si les six droites (AB),
(AC), (BC) et (A'B'), (A'C') et (B'C') sont telles que (AA'), (BB') et
(CC') sont concourantes, alors les intersections des droites (AB) et
(A'B'), (AC) et (A'C'), (BC) et (B'C') sont alignées.
On se souvient aussi de la
lecture affine de ce dernier théorème dans le contexte
d'un plongement du plan dans un espace affine : cette
propriété est une conséquence de l'existence des
plans affines dans un espace de dimension 3.
Ci-dessous, un tétraèdre IABC est coupé par un
plan (A'B'C'). L'alignement des points du théorème
précédent résulte simplement de l'intersection du
plan (ABC) avec le plan (A'B'C') ; en géométrie affine,
cette intersection est une droite.
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Dès la première édition de son ouvrage Les fondements de la géométrie
(1899), David Hilbert discute longuement l'importance axiomatique du
théorème de Desargues avec les résultats suivants :
Le
théorème de Desargues ne découle pas des axiomes
d'incidence (et d'ordre) de la géométrie affine plane.
Mais il découle de l'existence de l'espace affine
Pour la
géométrie plane la preuve du théorème de
Desargues nécessite les axiomes de congruence sur les angles, et
plus précisément l'axiome qui lie la congruence sur les
segments à celle sur les angles.
Ensuite Hilbert aborde
l'importance de ce théorème pour la construction des
nombres. Il obtient alors, dans le contexte de son axiomatique, les
résultats suivants:
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Sans le théorème de Desargues
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Avec le théorème de Desargues
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Il n'y a pas de possibilité de construire des coordonnées.
La multiplication des nombres n'est pas associative.
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Sans la congruence, il est possible de construire une géométrie des coordonnées.
Une géométrie
plane peut toujours être considérée comme une
partie d'une géométrie de l'espace vérifiant les
axiomes affines.
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2. Plan de Moulton
Lors de la première édition des Fondements de la géométrie,
Hilbert a donné un exemple de géométrie non
arguésienne, essentiellement pour en montrer l'existence : les
droites sont celles du plan usuel sauf quand elles coupent une ellipse
précise, la partie de la droite intérieure à
l'ellipse étant remplacée par un arc de cercle bien
déterminé (illustration statique ci-contre, plus de
précisions dans l'édition critique de Paul Rossier,
à la page 126).
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Hilbert montre que les
axiomes de congruences III.1 à III.4 sont vérifiés
mais que le théorème de Desargues - qui se montre avec
l'axiome III.5 - ne l'est pas comme on le voit ci-contre :
Les triangles MNP et M'N'P'
ont leurs côtés parallèles (les droites affines
usuelles correspondantes sont concourantes) alors que les droites de
Hilbert (MM'), (NN') et (PP') ne sont pas concourantes.
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Mais dès 1902,
l'astronome américain Forest Ray Moulton (1872 - 1952) a
proposé un exemple plus simple qui a ensuite été
repris par Hilbert à partir de la 7e édition de son ouvrage.
Dans l'exemple original de
Moulton, la réfraction des droites était
réalisée sur l'axe des abscisses, comme cela a
été repris par Hilbert. Depuis, les mathématiciens
qui ont travaillé sur le plan de Moulton ont
généralement préféré faire basculer
cette réfraction (qui pouvait avoir une connotation physique
chez l'auteur) sur l'axe des ordonnées, ce qui permet une
écriture plus simple de la situation. Mon travail s'inscrit dans
cette tradition.
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Les points du plan de Moulton
sont les points du plan usuel RxR. Les droites sont les droites
usuelles (y compris les droites d'équation y = m)
à l'exception de celles de pente négative : dans ce cas
la droite de Moulton est une droite affine par morceaux telle que la
pente de la demi-droite des x >0 est le double de la pente de la demi-droite des x<0.
Deux droites sont dites parallèles quand elles n'ont aucun point commun.
Ci-contre, un triangle de Moulton.
On peut déplacer les points A, B, et C. L'axe des
coordonnées est un simple repère.
On a ajouté une droite (MN) pour que l'on puisse constater que l'axiome de Pasch est bien vérifié.
On notera que le dessin des
droites peut disparaître quand elles sont proches de la
verticale. Cela est dû à la façon dont elles ont
été construites. Ce problème n'existe pas pour les
segments de la figure ci-dessous.
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Le fait que le modèle
ne vérifie pas le théorème de Desargues est plus
parlant dans sa version dite « du tétraèdre »
: on observera, dans la figure ci-contre,
que la propriété de Desargues n'est pas
vérifiée et que cette géométrie affine
plane ne peut s'étendre à une géométrie
affine de l'espace.
Dans la figure ci-contre, on peut
déplacer A, B, C, A', B' et C'. Le point I est
déterminé par l'intersection des droites (AA') et (BB') :
il est dépendant en particulier de A'.
On notera que la gestion des pointillés n'est pas complètement dynamique. Elle est correcte pour B « devant » la droite de Moulton (AC).
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Quand on réalise un
modèle affine en géométrie dynamique, la
première construction que l'on peut effectuer à partir de
l'incidence et du parallélisme est le milieu de deux points A et
B : c'est l'intersection des diagonales d'un parallélogramme
AMBN. Cela peut se construire dans tout modèle de
géométrie affine arguésienne. Mais dans le cas non
arguésien, la situation est moins simple.
Étant donnés
deux points A et B, et un point M, on construit la droite (AB) et le
parallélogramme AMBN. En faisant varier M, on s'aperçoit
que, contrairement à l'environnement affine usuel, le point
d'intersection I des deux droites (AB) et (MN) n'est pas fixe : les
diagonales ne se coupent pas en leurs milieux.
Par ailleurs, sur la droite (MN) quand elle est (usuellement) affine
comme à l'ouverture de la figure, il est clair que I n'est pas
le milieu (affine ordinaire) de M et N.
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L'autre point important du
cas non arguésien d'un plan affine est l'impossibilité de
construire ce que Hilbert appelle une géométrie des coordonnées
: Il s'agit de chercher à construire un corps de nombre K
à partir des propriétés des axiomes de la
géométrie, chaque point étant identifié
à la donnée d'un ou plusieurs nombres. À ne pas
confondre avec la géométrie analytique
de Descartes qui, elle, utilise l'algèbre pour « analyser
» les propriétés géométriques. Nous
allons l'illustrer sur deux exemples. Tout d'abord en montrant, pour le
cas élémentaire de la somme, la dépendance du
résultat par rapport aux représentants choisis.
À partir de trois points A, B, C et d'un point A', on construit,
par des parallélogrammes, ce qui pourrait être le
translaté A'B'C' de ABC dans la translation qui envoie A en A'.
Pour cela on a construit tout d'abord B' par le parallélogramme
A'ABB' puis le point C' par le parallélogramme B'BCC'.
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On constate sur la figure
ci-dessous que l'on obtient un point C" différent du point C' en
construisant le parallélogramme A'ACC".
En fait c'est simplement la
réciproque du théorème de Desargues (version
affine) qui n'est pas vérifiée : nous avons, par
construction, (A'B') // (AB), (BC) // (B'C'), et les trois droites
(AA'), (BB'), (CC') parallèles, mais (AC) n'est pas
parallèle à (A'C').
Dans la figure ci-contre, on peut
déplacer A, B, C et A'. On notera que, dans la configuration
donnée au départ, les points C' et C" sont confondus pour
une pente de (AC) négative ou nulle.
Toujours depuis la configuration de départ, le point C' semble
indépendant de la position de B mais ce n'est pas le cas
dès que la pente de (AB) devient positive.
Autrement dit, les
éventuels vecteurs (les couples de bipoints que
traditionnellement on définit comme équivalents dans la
configuration du parallélogramme) et les sommes vectorielles
associées ne sont pas indépendantes de leurs
représentants : la relation sous-jacente n'est pas transitive.
Les translations n'ont pas les propriétés usuelles, et en
particulier ne sont des collinéations : l'image d'une droite
n'est pas une droite.
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Ci-contre on se propose de construire l'image d'un point par une - éventuelle
- homothétie de centre O transformant A en A' par le
procédé affine usuel utilisant le parallélisme (en
particulier le fait que l'image d'une droite est une droite
parallèle).
On construit M' image de M, puis
N'1 et N'2 images de N à partir de M et M' d'une part, puis de A
et A' d'autre part. Là encore, avec des droites concourantes,
deux couples de droites deux à deux parallèles, il n'y a
pas coïncidence entre les points N'1 et N'2 comme dans le cas d'un
plan affine arguésien.
C'est bien la non
réciproque du théorème de Desargues, mais cette
fois-ci dans le cas des droites concourantes.
Après la translation,
l'homothétie n'est pas non plus une bonne candidate pour
être une application ayant du sens dans cette
géométrie.
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3. Congruences
3.1 Sur les angles et la congruence
En dehors des points de l'axe
des ordonnées, on peut dire que localement, autour d'un point,
le plan de Moulton est euclidien. Donc localement on peut parler
d'angle. Autrement dit, sauf en dehors des points de l'axe des
ordonnées sur lesquels nous reviendrons, l'angle en le sommet
d'un triangle existe et c'est l'angle euclidien.
De même, localement, quand on ne franchit pas l'axe des
ordonnées, la longueur d'un segment existe, et c'est la longueur
euclidienne. L'article de Moulton1
se propose de construire un exemple simple d'un plan non
arguésien qui vérifie tous les autres axiomes de Hilbert
du plan affine.
Comme le propos de Hilbert est de reconstruire la
géométrie euclidienne, il s'intéresse très
vite aux angles et aux longueurs. Les droites de Moulton étant
isomorphes aux droites réelles, le groupe d'axiomes sur l'ordre
est trivialement vérifié.
Le groupe d'axiomes sur les congruences
se décline en un premier sous-groupe de trois axiomes dits
« de congruence linéaire », sur les segments, et un second
sous-groupe de deux axiomes sur les angles, dont celui noté
III.5 selon la terminologie des dernières éditions, qui
lie les segments et les angles : c'est cet axiome qui est primordial
pour la démonstration du théorème de Desargues
dans le plan.
Pour que les axiomes sur la
congruence soient vérifiés, il suffit de définir
la longueur d'un segment de Moulton qui franchit l'axe des
ordonnées. La solution naturelle retenue par Moulton est de
choisir la somme des longueurs des deux segments euclidiens qui
composent le segment de Moulton. C'est d'ailleurs la seule solution
possible si l'on veut de plus, comme le souhaitait Moulton, que les
autres axiomes (celui d'archimédie en particulier, pour la
continuité) soient vérifiés.
Pour les angles, le seul
problème réside dans le cas d'un angle ayant un sommet
sur l'axe des ordonnées puisqu'il y a rupture de direction
à cet endroit. En particulier, comme nous allons le voir plus
loin, le plan de Moulton est non conforme en ces points. Moulton
choisit une définition des angles en ces points - exposée
plus loin - afin que l'axiome de congruence III.4 soit
vérifié dans tout le plan.
(1) texte original disponible dans la partie Références
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Il est facile de voir alors que l'axiome de congruence qui lie les longueurs et les angles (axiome III.5 des Fondements de Hilbert), n'est bien entendu pas vrai dans le plan de Moulton :
Ci-contre (illustration
statique) un triangle ABC et un triangle A'B'C' avec, dans le plan
euclidien, AB = A'B', BC = B'C' et l'angle en B égal à
l'angle en B' (on a fait une translation euclidienne dans un contexte
où les segments concernés sont aussi des segments du plan
de Moulton).
Dans ce contexte, l'axiome de
congruence voudrait que les angles en C de ABC et en C' de A'B'C'
soient égaux. Comme localement ce sont les angles euclidiens,
l'axiome de congruence est mis en défaut sur cette illustration.
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Le premier
théorème montré par Hilbert avec l'axiome III.5
est celui qui dit que si dans un triangle ABC les côtés AB
et AC sont congruents, alors c'est aussi le cas des angles en B et C
(propriété du triangle isocèle).
Ci-contre on a pris A et C
deux points d'un cercle euclidien de centre B. En s'arrangeant pour que
les segments de Moulton [BA] et [BC] restent euclidiens et que [AB] ne
soit pas un segment euclidien, on vérifie immédiatement
que cette première conséquence n'est pas
vérifiée.
Sur la figure ci-contre on peut
modifier les emplacements de A et C pour vérifier aussi que dans
le cas euclidien usuel on retrouve bien le théorème des
triangles isocèles (et la somme des angles).
Ainsi le premier
théorème relatif aux côtés et aux angles
d'un triangle n'est pas vrai. Les théorèmes de congruence
des triangles (les cas d'égalité) qui en découlent
ne sont pas non plus vérifiés dans le plan de Moulton.
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3.2 La somme des angles d'un triangle de Moulton
Si le segment [AB] de Moulton
n'est pas un segment euclidien, alors pour les points C au dessus - et
tels que les segments de Moulton [AC] et [BC] soient euclidiens - la
somme des angles du triangle de Moulton ABC sera inférieure
à 180° et pour des points C en dessous de la droite
euclidienne (AB) (avec les mêmes conditions), cette somme sera
supérieure à 180° (il suffit de comparer par rapport
au triangle euclidien ABC).
Il est d'ailleurs facile de calculer les valeurs extrêmes à partir de la définition des droites :
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Pour les valeurs
extrêmes de ce défaut d'angle, on est amené
à considérer, dans le cadre de la figure ci-contre, les
valeurs extrêmes de :
Pi-a1+a2 soit Pi-tan-1(2x)+tan-1(x).
En appliquant la fonction
tangente croissante et les formules de trigonométrie usuelles,
cela revient à chercher pour quelle valeur de x positif le
minimum de la fonction f telle que f(x) = -x/(1+2x2) est atteint. On trouve alors sqrt(2)/2.
D'où, après simplification, le résultat suivant :
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La valeur maximale
possible pour la somme des angles d'un triangle est
180°+arctan(sqrt(2)/4) et la valeur minimale est
180°-arctan(sqrt(2)/4).
Ces valeurs sont
réalisées par le triangle ABC de la figure suivante
(selon la position de C, avec [AC] et [BC] euclidiens). Le triangle PQR
permet d'explorer la somme des angles d'un triangle et d'approcher ces
extrema.
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Et si la somme des angles
d'un triangle est supérieure à deux droits, peut-on avoir
un triangle avec deux angles droits? La réponse est oui, avec
une construction élémentaire comme ci-contre.
La somme des angles serait même maximale sur la base d'une configuration semblable à celle ci-dessus pour A et B.
Cela signifie aussi que dans
certains cas, par un point M donné, il peut exister deux
perpendiculaires à une droite donnée.
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Et donc en ajoutant une
parallèle à la droite (AB) passant par un point C, il en
résulte qu'il existe des quadrilatères ayant 4 angles
droits dont les autres côtés, [AD] et [BC] ne sont pas
parallèles.
Sur la figure ci-contre on peut
manipuler A, B et C pour tester les rectangles de Moulton, si on
appelle encore rectangle un quadrilatère ayant 4 angles droits.
On peut déplacer A - en conservant une abscisse négative
- pour que l'angle en D ne reste pas droit ou placer C sous B pour que
l'angle ne reste pas droit :
ainsi on peut constater qu'un
quadrilatère peut avoir 3 angles droits et la somme de ses
angles peut être inférieure ou supérieure à
4 angles droits.
On observera qu'on retrouve bien entendu la configuration euclidienne quand elle se présente.
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3.3 Les longueurs dans le plan de Moulton
Comme déjà
mentionné, la longueur d'un segment [AB] est sa longueur
euclidienne si c'est un segment euclidien ou la somme des longueurs des
deux segments euclidiens qui le composent sinon.
Dans la figure suivante on a
construit un triangle ABC avec des angles en A et B égaux et
dont les côtés correspondants ne le sont pas. Ainsi d'une
part on est dans la non réciprocité du
théorème sur les triangles isocèles : on peut
avoir deux angles congruents sans que les segments correspondants le
soient.
D'autre part cette figure illustre aussi la non véracité
du cas de congruence des triangles ayant un côté congruent
et les deux angles associés congruents respectivement : en effet
en translatant, dans le plan euclidien les points A, B et la
poignée, à droite de l'axe des ordonnées, on a un
triangle MNP' avec MN congru à AB, les angles en A et M congrus,
de même pour B et N.
Nous sommes donc bien dans la
situation proposée en préambule où nous parlions
d'un exemple où le mouvement, ici la translation, n'est pas
représentatif de la congruence : c'est comme si les
règles se déformaient en se déplaçant, ce
qui correspondrait au cas des surfaces à courbure non constante
dans un contexte de géométrie différentielle pour
reprendre un autre exemple célèbre de Poincaré.
Cette figure, réalisée à des fins d'illustration
de ce qui précède ne contient pas en elle-même ses
propres tests de validité : elle ne rend compte de ce que l'on
veut montrer que dans certaines conditions (que [AB] soit euclidien, A
d'abscisse négative et C obtenu d'abscisse positive...)
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Par ailleurs il est assez
immédiat, même sans illustration, que cette longueur dans
le plan de Moulton ne peut pas vérifier
l'inégalité triangulaire : la
distance utilisée n'est pas une métrique. Autrement dit,
si le plan de Moulton est bien muni d'une distance, ce n'est pas un
plan métrique.
Pour certaines définitions anglo-saxonnes de la distance, la longueur dans le plan de Moulton est bien une distance. En France elle pourrait parfois être appelée «semi-distance », la distance correspondant alors à une métrique.
Mais, pour ce qui nous occupe
ici - en déplaçant C vers l'axe des ordonnées -
cela éclaire le cas des angles dont un sommet est sur l'axe des
ordonnées. On peut alors avoir A, C, B euclidiennement
alignés alors que les points ne sont pas sur une droite de
Moulton : il y a bien deux segments distincts qui font un angle qu'il
convient maintenant de préciser.
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3.4 Cas des angles ayant un sommet sur l'axe des ordonnées - Point de vue variationnel
Comme on vient de le
constater concrètement sur l'exemple précédent, le
modèle n'est pas conforme sur l'axe des ordonnées : les
angles dans le plan de Moulton ne sont pas les angles euclidiens usuels
pour un sommet I sur l'axe des ordonnées.
Dans la figure suivante, on
peut vérifier qu'il y a une discontinuité dans la mesure
de l'angle en M quand M traverse l'axe des ordonnées. La
continuité invite à conserver une des deux mesures.
Depuis Moulton, la tradition considère la réfraction des
droites sur l'axe des ordonnées comme une rupture des droites
venant des abscisses négatives, comme si un accident arrivait
aux droites en franchissant l'axe des ordonnées. Dans cette
conception, s'il s'agit de conserver l'une des deux mesures il est
naturel de conserver celle des angles issus des droites euclidiennes
provenant de la partie x < 0
des droites de Moulton. On pourrait tout aussi bien choisir l'autre
mesure. La seule chose à faire est de choisir l'une des deux
valeurs.
Autrement dit, l'angle de
Moulton BIC - dans cette situation de deux droites de Moulton non
euclidiennes - est l'angle euclidien A'IC'. Avec cette
définition, l'axiome de congruence IV.4 (existence
et unicité d'un angle congruent à un angle donné
à partir d'une demi droite donnée) est vérifié y compris pour les points de l'axe des ordonnées.
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3.5 Angles ayant un sommet sur l'axe des ordonnées - Point de vue absolu
Un autre point de vue, plus
centré sur l'axiomatique de la géométrie, consiste
à dire que, quelque soit la géométrie la mesure des angles est absolue
: dans un plan, il y aura toujours un tour autour d'un point (360°)
et un angle plat sera toujours la moitié d'un tour (soit
180°). Dans le cas des droites de Moulton, il suffit alors
d'adapter la mesure des angles, généralement euclidienne
en tout point autre que sur l'axe des ordonnées, au cas des
points sur l'axe, et la définition précédente est
alors tout à fait naturelle.
La figure suivante, sur l'exploration des angles, laisse entrevoir une difficulté pour la perpendiculaire à (AB) issue de M
dans la position d'ouverture de la figure. La figure n'existe que pour
M au-dessus de A et N en dessous de B. On peut placer néanmoins
M sur (AB) à gauche de A et N sur (AB) à droite de B.
On peut mesurer alors le
différentiel entre un plat euclidien et sa valeur dans le plan
de Moulton (ci-dessous les droites sont les droites de Moulton passant
par A et B respectivement et le sommet O).
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3.6 Retour sur le triangle ayant trois sommets alignés d'un point de vue euclidien
En explorant la figure
précédente traitant du non respect de
l'inégalité triangulaire dans le plan de Moulton, il est
naturel de placer C dans l'alignement euclidien de A et B : on a un
triangle de Moulton bien particulier, avec trois angles que l'on sait
maintenant mesurer . La figure suivante n'a de sens qu'en conservant A
d'abscisse négative, sinon les points A, I , B sont «
moultonement » alignés.
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4. Orthogonalité
4.1 Perpendiculaire(s) à une droite issue d'un point
Puisque la notion d'angle est
locale - autour d'un point autre que sur l'axe des ordonnées -
il est tout naturel de définir deux droites comme orthogonales
quand l'angle qu'elles forment à leur intersection est un angle
droit. Clairement cette définition, si elle est correcte dans le
cas général, va demander à être
précisée sur l'axe des ordonnées. Nous avons
déjà vu, à l'occasion de la congruence des angles,
un cas de triangle ayant deux angles droits, et donc un cas de droite
ayant deux perpendiculaires issues d'un même point.
La figure suivante se propose de
laisser au lecteur le soin d'explorer cette notion de
perpendicularité. On observera le cas où la pente est
négative, mais aussi celui où elle est positive. On
comprendra alors, en déplaçant finement P autour du point
d'abscisse nulle, que la partie hachurée verte correspond aux
différences entre l'angle droit incident de Moulton (quand P
vient de la gauche de l'origine) à l'angle droit
réfracté de Moulton (quand P vient de la droite de
l'origine).
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Continuité dynamique de la perpendiculaire principale
On aura observé
ci-dessus la continuité - rendue par la couleur - de la
perpendiculaire, même quand elle change brusquement de direction.
Cette continuité vient du fait que c'est en
réalité la même droite. Ce choix est
nécessaire pour une réelle pertinence dynamique. Ainsi,
quand on prend un point sur objet sur la perpendiculaire, ce point
continue d'exister dans tous les cas où la perpendiculaire
existe.
Bien entendu c'est le traitement
conditionnel intégré aux coordonnées dans le
logiciel qui permet d'avoir a priori une unique perpendiculaire, et
éventuellement une seconde.
On observera un temps de
latence du logiciel pour le point C quand la droite franchit la partie
où il n'y a pas de perpendiculaire : le point C reste
collé à la frontière de son existence...
jusqu'à en retrouver une autre ensuite...
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Nous avons vu le
défaut d'angle des triangles du plan de Moulton, et ses valeurs
maximales. D'un certain point de vue, c'est ce même défaut
d'angle qui permet deux perpendiculaires à une droite, on
empêche l'existence d'une perpendiculaire. Ce point de vue est
topologiquement visible sur les droites de pente négative. Sur
les droites à pente positive, il correspond à la
différence entre l'angle euclidien du modèle et l'angle
effectif du plan de Moulton pour un angle droit centré à
l'origine comme à nouveau illustré ci-dessous :
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4.2 Les hauteurs d'un triangle de Moulton
Il résulte de
l'exploration précédente qu'un triangle peut, dans
certaines circonstances, ne pas avoir trois hauteurs, et même
n'en posséder qu'une seule comme c'est le cas de la figure
suivante à son ouverture.
Dans cette figure, on a fait
apparaître les parties vertes (pas de perpendiculaire) et rouges
(deux perpendiculaires) pour les trois droites - même si la
partie pour (BC) n'est pas visible à l'ouverture. Outre le
comportement des hauteurs avec l'intersection ou la réunion des
différentes parties coloriées du plan, on peut tester
l'existence d'un orthocentre, comme point de concours de trois
hauteurs. Quand il y a deux hauteurs issues d'un même sommet, une
hauteur principale est en rouge, l'autre hauteur est en marron.
Chacun expérimentera qu'il est facile de produire des triangles de Moulton ayant un orthocentre.
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4.3 Orthogonalité et distance minimale
Dans un contexte comme celui
dans lequel nous évoluons, avec une distance qui n'est pas une
métrique (pas d'inégalité triangulaire), la
distance d'un point à une droite doit être
précisée. En effet, elle est traditionnellement
définie dans un espace métrique comme le minimum des
distances du point aux points de la droite. Dans les environnements
métriques classiques (y compris en géométrie
hyperbolique ou elliptique), ce minimum est réalisé par
la perpendiculaire à la droite issue du point (quand il y en a
plusieurs comme en géométrie elliptique, les distances
sont les mêmes; la droite est alors un cercle).
Or ici, nous avons deux
nouveautés : le minimum de distance en tant que tel n'est pas
nécessairement réalisé par un segment et ensuite,
il existe des points depuis lesquels on ne peut pas mener de
perpendiculaire à une droite.
Pour le premier
phénomène, on choisit ici, entre chemin minimal et
segment, de faire évoluer cette notion de distance minimale sur
la branche du segment : on dira que la
distance minimale entre un point M et une droite d est la longueur
minimale réalisée par un segment MH pour H un point de d. Ceci étant précisé, dans certains cas, le minimum réalisé par un segment ne l'est pas par le segment orthogonal comme on peut le voir sur cette figure :
Par ailleurs, comme on peut
mener deux perpendiculaires à une droite à partir de
certains points, il convient de vérifier si les deux distances
obtenues sont égales ou non. Or, dans la figure ci-dessous, les
deux triangles rectangles euclidiens MHI et MKI ayant
l'hypoténuse [MI] en commun, on ne peut avoir MH = MK que si HI
= IK. En déplaçant M dans la figure suivante, on
observera que la distance minimale dans le cas où il y a deux
perpendiculaires est réalisée sur l'une ou l'autre
branche. Contrairement à la situation précédente,
le segment orthogonal est bien la solution pour le minimum car on est
dans une situation localement euclidienne (les pentes des deux segments
sont positives).
Cette première présentation dynamique du plan de Moulton est un résumé d'un autre article
plus complet, à la fois sur ces thèmes mais aussi sur
d'autres plus techniques comme les constructions de médiatrices
et de bissectrices, ou encore sur le cercle de Moulton. La version
longue présente aussi l'implémentation
détaillée des droites de Moulton et des
parallèles. Elle détaille la construction du cercle, du
symétrique d'un point dans une symétrie centrale et
propose au téléchargement un menu Moulton reprenant les principales macros utilisées pour réaliser ces figures.
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5. Références
Sources primaires
HILBERT David (1971) - Les Fondements de la géométrie, éd. critique et trad. par Paul Rossier - Dunod
(1re éd. : Grundlagen der Geometrie, Teubner, 1899).
Le modèle non arguésien initial proposé par Hilbert est à la page 126.
Réédition chez Gabay (1997). Sommaire disponible.
MOULTON Forest Ray (1902) - A simple non-Desarguesian geometry. Trans. Amer. Math. Soc. 3, 192-195.
Télécharger l'article original de Moulton (4 pages PDF)
MOUFANG Ruth (1932) - Die Schnittpunktsätze des projektiven speziellen Fünfecknetzes in ihrer Abhängigkei voneinander. Math. Ann. 106, 755-795.
MOUFANG Ruth (1933) - Die Desarguesschen Sätze von Rang 10. Math. Ann. 108, 296-310.
Sources secondaires
ARSAC Gilbert (1998) - L'axiomatique de Hilbert et l'enseignement de la géométrie au collège et au lycée - ALEAS & IREM de Lyon
CERONNI Cinzia (2004) - Non-Desarguian geometries and the foundationsof geometry from David Hilbert to Ruth Moufang - Historia Mathematica 31, 320-336
Un article qui résume parfaitement bien l'évolution de la
problématique sur les années où elle a
été très active.
VIENNE Lucas (1996) - Présentation algébrique de la géométrie classique. Vuibert
En particulier le chapitre V pour une lecture contemporaine de ces questions.
Sur CaR et CaRMetal, le magazine français sur CaR (de Éric Hakenholz)
http://db-maths.nuxit.net/CARzine/
Et son site sur CaRMetal (téléchargement, de nombreux tutoriaux, diaporamas)
http://db-maths.nuxit.net/CaRMetal/
Article de l'auteur de CaRMetal sur les interfaces en géométrie dynamique.
http://revue.sesamath.net/spip.php?article39
Une autre axiomatique, celle
de Bachmann, en français, avec 148 figures
téléchargeables faites en Cabri-géomètre.
http://www.reunion.iufm.fr/Dep/mathematiques/Formateurs/Yves/ch4bachmann.html
On trouvera en particulier
(p. 337) un modèle affine où les droites sont des
paraboles de notre plan euclidien, et plus loin (p. 341) un
modèle borné de géométrie euclidienne qui a
la particularité d'avoir la même représentation des
droites qu'un autre modèle elliptique - mais pas la même
interprétation.
Géométrie absolue (métrique et arguésienne) en CabriJava
http://www.reunion.iufm.fr/Dep/Mathematiques/abracadabri/abraJava/GNECJ/index.html (Miroir à La Réunion)
http://www-cabri.imag.fr/abracadabri/abraJava/GNECJ/index.html (Miroir à Grenoble)
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