Frédéric Brechenmacher - Centre Alexandre Koyré
[On] considère les substitutions linéaires comme des
opérations (l’auteur dit opérateurs)
appliquées aux vecteurs de l’espace ordinaire […]. Au même ordre d’idées, bien
que le concept vectoriel n’y soit pas explicitement énoncé, se rattachent
d’autres travaux importants : pour n’en citer qu’un, le mémoire de M. Frobenius
sur les formes bilinéaires et les nombreuses recherches que ce beau mémoire à
inspirées. […] L’objet de ce mémoire est
l’étude des opérations distributives qu’on peut appliquer aux fonctions
analytiques, plus particulièrement aux séries de puissances entières et
positives de la variable x […]. Nous
considérons l’ensemble de ces séries comme une variété ou espace (que nous
appelons espace fonctionnel) à un nombre infini de dimensions : chaque série
est un élément ou point de cet espace, et le système des coefficients de la
série peut se regarder comme le système de ses coordonnées. [….] après quelques
généralités sur les opérations distributives, on traite des racines de ces
opérations, puis des opérations appliquées aux variétés linéaire à un nombre
fini de dimensions, et au moyen du concept de racines d’une opération, on
retrouve d’une façon tout à fait simple et naturelle la décomposition d’une
homographie par les diviseurs élémentaires de Weierstrass.
Etant
données l’opération A et
[…]
Soit donc
ω = h1a1
+ h2a2 +…+hnan
une
fonction invariante par rapport à A;
on aura
A(ω) = zω
[…]
d’où suit pour z la condition
nécessaire et suffisante d’être racine de l’équation caractéristique ou
fondamentale de l’opération A par
rapport à la variété donnée
[…]
On démontre immédiatement que si Vn(a) contient une variété Vm(b),
m <n, qui
est aussi invariante par rapport à A,
et g(t) est le premier membre de
l’équation fondamentale de A par
rapport à Vm(b), g(t)
est diviseur de f(t).
[…]
A côté de l’opération A considérons
l’opération
(11) (Ei
= A-zi, i=1, 2, …, q).
Nous
savons que sa variété racine est la somme des variétés racines de . De plus nous pouvons dire qu’à cette variété
appartiennent toutes les fonctions invariantes par rapport à A.
Nous
nous proposons maintenant d’étudier les racines de l’opération B, et pour cela, celles de l’opération Er, où
E=A-z, et z désigne l’une quelconque des racines
de (10).
[…]
si l’opération Ep = (A-z)p admet, dans
E(ω(p-1)) = ω(p-2), E(ω(p-2)) = ω(p-3),...,E(ω(1)) = ω, E(ω) = 0,
d’où l’on tire :
Les
fonctions ω, ω(1), ..., ω(p-1)
ainsi déterminées sont linéairement
indépendantes [...]. Si donc Ep admet dans
Vp(ω, pω(1),…,ω(p-1))
également
invariante par rapport à A, contenue
dans Vn(a), et sur laquelle A opère la substitution linéaire (12).
Le tableau (12) montre que le premier membre de l’équation caractéristique
correspondante est
g(t) = (t-z)p,
d’où il
suit que z est racine de f(t) de l’ordre p au moins.
[…]*
*Le
lecteur a sans doute déjà remarqué que la théorie des opérations distributives
nous a permis d’obtenir le concept des diviseurs élémentaires de Weierstrass,
et cela, d’une façon excessivement simple.