Les femmes et l'enseignement scientifique
Publié le 05/06/2006

Nicole Hulin, éditions PUF, collection Sciences, histoire et société (2002)

    L'auteur est ancienne élève de l’ENS (Sèvres). Elle est aujourd’hui maître de conférences honoraire à l’Université Pierre-et-Marie-Curie - Paris VI, chercheur au Centre Alexandre Koyré. Elle est par ailleurs titulaire d’une agrégation scientifique « masculine » (par dérogation spéciale).

    Quatrième de couverture: L’enseignement secondaire féminin s’est constitué avec la loi Sée de 1880 en double décalage par rapport à son homologue masculin organisé au début du XIX e siècle, décalage dans le temps et dans la conception même. L’ouvrage, centré sur la partie scientifique de l’enseignement, retrace les étapes qui ont conduit, en un siècle, l’enseignement féminin d’une organisation spécifique tant au niveau secondaire qu’à celui du recrutement des professeurs à la fusion complète avec l’enseignement masculin : identité des cursus, des contenus et des épreuves, unicité des concours et des classements, mixité. Reste désormais un ultime décalage au niveau des orientations vers les études scientifiques supérieures.

    Adresser les commandes par courrier électronique à nicole.hulin@normalesup.org (10,07 €).

    

Conclusion (extrait de l'ouvrage):

En un siècle l’évolution a été spectaculaire, allant de la constitution d’un enseignement féminin spécifique avec la loi Sée de 1880 à la mixité et la fusion complète des agrégations scientifiques masculines et féminines dans les années 1970.

En 1882 Ernest Legouvé, chargé des études à l’École de Sèvres lors de sa création en 1881, recommandait que les mathématiques ne figurent pour les jeunes filles que « comme auxiliaire des autres sciences :

    «  [...] autant les femmes sont généralement inhabiles à comprendre et impropres à utiliser les spéculations scientifiques, autant leur intelligence se prête à saisir et à admirer tout ce qui, dans les sciences, se présente sous une forme vivante : les faits et les hommes : Apprenez-leur donc assez de mathématiques pour apprécier et comprendre les résultats de la science, les bienfaits de la science, les héros de la science. »

Mais, en 1883, à l’issue du tout premier concours d’agrégation de jeunes filles, Ernest Legouvé reconnaît son erreur de jugement :

    « [Le] résultat contredit une opinion fort générale, et que j’ai, quant à moi, vivement soutenue, à savoir, qu’il faut reléguer au second rang de l’éducation des femmes les études scientifiques, les sciences abstraites, les mathématiques, comme étant peu compatibles avec la nature de l’intelligence féminine. Nous nous sommes trompés. »

Un article de L’illustration publie en 1923 ce commentaire :

    « [...] les théories mathématiques deviennent chaque jour plus accessibles aux cerveaux de nos compagnes, qui, sans doute, n’y sont pas plus rebelles que les nôtres, mais qui se trouvent momentanément handicapées par l’atavisme des générations auxquelles ce genre d’études fut pratiquement interdit ? »

Le rôle des pionnières, qui se sont présentées aux examens et concours masculins, est à souligner car elles ont aidé à convaincre de la légitimité des transformations à opérer. Il convient aussi de noter le soutien de certains hommes qui ont aidé « de leurs conseils, de leur influences, de leurs démarches » leurs collègues femmes dans leur action pour obtenir cette égalité complète dans l’enseignement, mais aussi la tiédeur de certaines femmes attachées à la spécificité de leur enseignement et à sa pédagogie propre. L’objectif à atteindre désormais est d’attirer les jeunes filles dans les filières scientifiques et techniques.

Du même auteur sur ce site: "Les mathématiques et l’enseignement féminin en France"

 
 
 
 
 
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